La grande guerre, menée désormais aux quatre coins de la planète pour la maîtrise des ressources naturelles et la conquête de positions géostratégiques considérées comme cruciales, ne saurait faire oublier que la crise de la « Grande perdition » continue aussi ses ravages. En première ligne à nouveau, comme en 2008, les banques.
Voyez un peu, braves gens (et innocents épargnants), ce petit état des lieux européens façon « destroy ».
1. Des pertes historiques pour le Crédit agricole
En France, celle qui déguste un max, après les déroutes de Dexia et du Crédit immobilier de France, c’est le Crédit agricole. La banque « verte » cumulait déjà une perte de 2,48 milliards d’euros sur les trois premiers trimestres 2012.
Or, sans attendre la publication de ses résultats définitifs, sa direction annonce déjà une dépréciation record de 2,64 milliards rien que pour le dernier trimestre. Autant dire qu’il y a du roussi dans l’air.
2. Deux banques européennes nationalisées en urgence
En Europe, pas mieux. Deux banques viennent d’être nationalisées en urgence pour échapper à la déroute.
- La première, BPN, est portugaise. Salement mouillée dans un scandale éclaboussant le pouvoir socialiste et à deux doigts d’une faillite frauduleuse qui coutera la bagatelle de 7 milliards d’euros aux contribuables lusitaniens.
- La seconde, SNS Reaal, est néerlandaise. Victime de la crise immobilière qui frappe le pays et dans l’incapacité de se refinancer. Coût de l’opération pour éviter un risque systémique jugé majeur : 10 milliards d’euros.
3. De quelques autres fleurons à la dérive
L’Allemagne et la Suisse, pays présentés comme des fleurons de la bonne santé économique ou financière, n’échappent pas au séisme.
- La banque suisse UBS se mange une perte chiffrée à 2,5 milliards de francs suisses (2 milliards d’euros), avec une dégradation accélérée au 4e trimestre 2012. En cause, les amendes résultant du scandale du Libor qui n’en finit pas de faire tomber des têtes.
- Les allemandes Commerzbank et Deutsche Bank prennent aussi un sacré bouillon. Avec des pertes évaluées respectivement à 720 millions d’euros pour la première, 2,6 milliards d’euros pour la seconde. Rien que pour le 4e trimestre 2012.
Le « scud » du président islandais
Bon allez, je ne vous assomme plus avec ces chiffres pourtant plus réjouissants qu’il n’y paraît, sachant que la « Grande mutation », appelée à prendre le relais de la « Grande perdition », passe inévitablement par la chute de ces officines prédatrices.
Notre ministre Moscovici, << le partenaire des banquiers >> (c’est lui qui le dit), gagnerait à méditer les phrases que prononça dernièrement à Davos, dans un silence médiatique assourdissant, le président islandais Olafur Ragnar Grimmson :
<< Il faut penser davantage aux peuples qu’aux banques. Nous avons laissé les banques faire faillite et nous nous sommes occupés des citoyens, et ça a marché.
Pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l’économie moderne, et pourquoi ne peuvent-elles pas faire faillite comme les compagnies aériennes ou les entreprises de télécommunication, si elles ont été gérées d’une façon irresponsable ? >>