
Je ne suis pas adepte du selfie, de la story ni d’Instagram. Je ne veux ni étaler ma vie privée ni me mettre en scène. Je ne l’ai pas fait jusqu’ici, je ne vais pas commencer maintenant. Mais… ma chérie me manque terriblement. Tout me manque, son rire son corps sa voix son regard ses mains son odeur ses mots sa douceur sa vitalité son amour… Son absence me plonge encore dans une infinie tristesse. Son regard sur moi m’a toujours rendu plus fort et a fait de moi quelqu’un de meilleur.
Mais si je parle de Sophie c’est moins pour dire mon immense chagrin que pour montrer quelle belle personne elle était. C’était vraiment “quelqu’un de bien”. Gentille, joyeuse, sans méchanceté, qui ne médisait de personne. Elle était consciente de l’état du monde, de la violence, de la destruction, de la misère, des injustices, elle était sans illusion mais restait positive, enthousiaste, volontaire. Elle avait clairement décidé de placer cette année 2019 sous le signe de la bienveillance. C’était sa ligne de conduite, elle tendait vers ça quoi qu’il se passe, notamment dans son métier où comme dans beaucoup d’autres il est toujours difficile pour une femme de faire sa place et obtenir une reconnaissance.
Elle l’avait pourtant obtenue, grâce à son travail, son talent et toutes ses qualités humaines, sans jamais en concevoir le moindre orgueil. Elle estimait qu’elle devait sans cesse faire ses preuves. Il fallait insister et lui refaire la liste de ses nombreux succès pour qu’elle admette son indéniable réussite. Je lui disais souvent qu’elle pouvait être fière d’elle-même, comme je l’étais pour tout ce qu’elle avait accompli, pour tout ce qu’elle était. Elle qui me disait souvent qu’elle me trouvait brillant, je pouvais à mon tour lui dire à quel point je l’admirais.
Malgré les doutes, les moments difficiles, la charge de travail, la fatigue physique parfois et le blues certains soirs de quitter la maison, souvent pour plusieurs jours, il est certain qu’elle aimait et pratiquait son métier passionnément et qu’elle était heureuse. Elle avait toujours de nouvelles idées en tête, elle espérait toujours qu’on allait lui donner l’occasion de les mettre en œuvre, de les mettre en lumières. Elle a d’ailleurs débordé le cadre de la lumière pour donner avis et conseils sur la scénographie ou la mise en scène chaque fois qu’on lui en a laissé l’opportunité. Avec les années son regard sur les différents aspects du spectacle vivant, de la scène, s’était affûté. Elle n’aura pas eu le temps hélas d’exprimer tout son talent, sa sensibilité et sa créativité. Mais tous les témoignages prouvent qu’en une quinzaine d’années elle a laissé partout le souvenir d’une grande professionnelle et d’une personnalité vraiment attachante.
Bien sûr mon chagrin et mon amour pour elle font que je préférerais dix millions de fois qu’elle soit encore parmi nous, pleine de vie et de cette gaîté qui l’animait. Je donnerais mes deux mains sans hésiter pour ça. Mais puisqu’elle est partie, c’est une consolation de penser qu’elle va rester vivante dans le souvenir de tous ceux et toutes celles qui ont croisé sa route. Tout le monde aimait Sophie.
Note du Yéti : un pot solidaire pour Sophie et Bob (ça coûte cher, la mort).
