
Bilan 2017 calamiteux pour l’empire occidental, bousculé à l’extérieur de ses frontières, mais encore trop peu contesté de l’intérieur.
1. Des défaites en série
On en finirait plus d’aligner les défaites subies tout au long de cette année par un empire occidental en voie de dislocation :
- défaite à plate couture de la coalition occidentale au Moyen-Orient face à l’axe Chine-Iran-Russie, en Syrie d’abord, mais aussi avec l’enlisement de l’Arabie saoudite au Yémen et la quasi-paralysie d’Israël réduit à quelques coups de force erratiques ;
- échec des tentatives de déstabilisation en Amérique latine : au Venezuela grâce à deux scrutins démocratiques favorables au gouvernement Maduro, et au Honduras où le régime sortant, issu d’un coup d’État mené sur injonctions US, n’a dû son salut qu’à un grossier tripatouillage des résultats de la dernière élection présidentielle ;
- Union européenne de plus en plus lézardée par le Brexit britannique et la montée en puissance de forces nationalistes, souverainistes ou encore régionalistes (Catalogne) ;
- débandade politique avec le discrédit populaire frappant des élus à peine installés (Trump, Macron) ou paralysés par des résultats électoraux incertains (Espagne, Allemagne) ;
- de dangereuses bulles financières qui s’accumulent ;
- disgrâce des grands médias mainstream de plus en plus contestés et contraints à la défensive face à la montée en puissance de nouveaux supports d’information (Russia Today, Le Media en France…).
2. Des réactions brutales ou pusillanimes non dépourvues de ridicule
Face à cette débandade, l’empire aux abois réagit par une brutalité ou une pusillanimité non dépourvues de ridicule :
- vaines rodomontades comme ultimes répliques au Moyen-Orient (Jérusalem propulsée capitale d’Israël par Trump) ;
- tragi-comédie du conflit USA-Corée du Nord ;
- dérégulations sauvages (les ordonnances en France, l’autorisation du glyphosate et autres saloperies en Europe) ou pusillanimes (la farce des COP et de leur pseudo-lutte contre le réchauffement climatique) ;
- comportement inhumain innommable face au flux des réfugiés politiques, économiques ou climatiques ;
- levées purement défensives de boucliers médiatiques : les affres farfelues du Russian Gate (un peu partout dans le monde) ou le Mélenchon bashing (en France).
3. Des oppositions contrastées
Face à cette débandade manifeste du monde d’avant occidental et aux crispations qu’elle entraîne, les forces d’opposition – c’est-à-dire celles qui dessineront le monde d’après – apparaissent singulièrement contrastées, selon qu’elles procèdent à l’extérieur de l’empire ou en son sein.
- À l’extérieur, le bloc des pays émergents, emmenés par les BRICS, a manifestement marqué des points décisifs sur les anciennes puissances dominantes, non seulement sur le terrain militaire comme au Moyen-Orient, mais aussi sur des terrains qu’on lui croyait moins propices, comme le champ de bataille monétaire : dédollarisation accélérée sous l’effet conjugué des accords de commerce bilatéraux entre pays émergents, émancipation anarchique de crypto-monnaies (Bitcoin) échappant aux contrôles des banques centrales et autres instituts financiers du vieux monde (FMI, OMC…).
- En interne, les choses sont bien plus compliquées pour les opposants. Les vieilles oppositions institutionnelles, politiques (PCF, PS frondeur en France) ou syndicales (cf. la faiblesse coupable des syndicats français face aux ordonnances de la Loi Travail 2), ont définitivement volé en éclat.
Quand elles n’ont pas rendu les armes aussitôt arrivées au pouvoir (Syriza en Grèce), les nouvelles forces d’opposition politiques piétinent (Podemos en Espagne, die Linke en Allemagne), ou sont contraintes d’agir de façon encore trop marginale (les 18 députés de la France insoumise).
Les « peuples » ont un brin tendance à roupiller ou à regarder leurs chaussettes. La jeunesse, traditionnel vivier des révolutions, semble se contenter pour l’instant d’une opposition passive (le vieux monde peut crever, nous on se démerde dans notre coin).
Cette faiblesse des oppositions internes facilite bien évidemment la prolongation de l’agonie dévastatrice du vieux monde pourri. Celui-ci n’a guère à affronter que des bouffées d’indignation régressives d’extrême-droite ou séparatistes. Et les aspirants agacés d’un monde d’après n’ont plus que leur patience pour résister. Ou attendre le bon vouloir des BRICS pour faire le boulot.