Perte du A : nouvelle phase de l’autodestruction systémique

Eh bien, voilà, c’est fait, la France vient de se le manger son troisième A ! Et avec une perspective négative en plus. Ce qui fait qu’elle est sous le coup d’une autre dégradation prochaine, faute d’un nouveau plan d’austérité. À 100 jours d’une présidentielle, ça vous la fiche bien !

Bon, vous me direz, il y a longtemps qu’on l’avait perdu dans les faits, cet A de malheur. Avec un « spread de crédit » grandissant entre la France et l’Allemagne. Et aux yeux de certaines autres agences de notation dont on parle moins, mais qui ont leur importance : la chinoise Dagong, l’indépendante américaine Egan-Jones.

Alors bien sûr, les autorités françaises minimisent ce qu’ils considéraient il y a peu comme une calamité rédhibitoire. Et les voisins allemands, épargnés par Standard & Poors, eux, en rajoutent un brin dans la compassion faux-cul.

<< Aujourd’hui, la France est une valeur sûre, elle peut rembourser sa dette et les nouvelles concernant notre déficit sont meilleures que prévu >> (Valérie Pécresse, ministre française du Budget)

<< La France est sur la bonne voie >> (Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances)

Tout le monde sur le même rafiot

Laissons coqs et coquelettes patrociner, et essayons de dresser les perspectives à venir. Car cette nouvelle dégradation de plusieurs pays (le nôtre, mais aussi l’Autriche, l’Espagne, l’Italie) n’est qu’une nouvelle péripétie d’une catastrophe annoncée bien plus générale.

Les rescapés — Allemagne… et Slovaquie ! — peuvent pavoiser. Ils sont sur le même rafiot européen pourri. Et en dégradant la France, c’est le Fonds européen de stabilité financière qu’on saborde un peu plus.

Je serais madame Merkel (enfin, non, peut-être pas !), je regarderais du côté de mes déchirures à moi avant de taper dans le dos de mon infortuné « ami » Nicolas. Tiens, du côté de la Commerzbank, par exemple, au moins aussi menacée que la troïka des éclopées françaises (BNP, Crédit agricole, Société générale).

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, par delà les circonvolutions pataudes des dindons réunis en fiévreux conclaves, c’est à une formidable destruction de la masse monétaire mise en circulation artificielle depuis plus de trente ans par les voyous financiers.

Les économistes bac plussedouze peuvent toujours sortir leur lances à incendie équationnelles, il n’en demeure pas moins que l’argent n’a de valeur que par les échanges de richesses qu’il permet.

L’autodestruction de l’argent

Ainsi, en France par exemple, les banques sont engagées à hauteur de 4à 5 fois le PIB du pays. C’est-à-dire qu’elles ont créé spéculativement au moins 4 à 5 fois plus d’argent qu’il n’existe de richesses produites. (Je dis « au moins » parce que là-dedans on ne compte pas les produits dérivés explosifs genre CDS.)

Dans ces cas-là, toujours la même punition, après quelques années de jeu et de maquillage poudre-aux-yeux, la machine se bloque et l’argent perd de sa valeur, finit par s’autodétruire. Et lorsque l’argent est à la base même du système qui régit l’ensemble, c’est le système tout entier qui est joyeusement envoyé par le fond.

La différence entre l’argent et les richesses ? Eh bien si votre épargne perd 50% de sa valeur (le CAC40 a grillé 43,23% de la sienne en cinq ans), vous êtes marron.

Mais si votre maison ne vaut plus que la moitié de ce que vous l’avez payée, vous avez toujours la même maison, la même cuisine, les mêmes lits dans les mêmes chambres. Et si vous en changez, la nouvelle a toutes les chances d’avoir baissé d’autant en prix. Ce qui équilibre les choses. C’est aussi simple que ça, l’économie.

Ceux qui morflent, non, ce ne sont pas forcément les pauvres, mêmes s’ils sont bien sûr les premiers visés par les margoulins. Mais les crédules, les soumis, riches ou pauvres.

Et ces niguedouilles d’États dégradés qui se sont mis sur la paille en essayant de sauver coute que coute le rafiot vérolé ds financiers véreux… avec du fric Monopoly emprunté aux naufragés ! Faut-il être bête, quand même !

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