Spéculation alimentaire : quatre banques françaises au piquet

rapport Oxfam complet (pdf)Non, ça n’existe pas qu’ailleurs. L’association Oxfam France vient de publier un très intéressant rapport sur les banques françaises qui spéculent sur les produits alimentaires. Vous savez, cette pratique dégueulasse qui impacte sans vergogne la faim dans le monde. Quatre banques françaises au piquet !

Clara Jamart d’Oxfam France :

<< Les banques françaises, au premier rang desquelles BNP Paribas, participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante en spéculant sur les marchés de matières premières agricoles.

Ces banques proposent à leurs clients des outils financiers destinés à parier sur la faim. Face aux conséquences des flambées des prix alimentaires à répétition, ces groupes doivent mettent fin à leurs activités de spéculation sur les matières premières agricoles. >>

Selon ce rapport publié le 12 février 2013, elles étaient quatre à se partager en 2012 au moins 18 fonds permettant de spéculer sur les matières premières pour un montant d’au moins 2,5 milliards d’euros. 

Si BNP Paribas se taille la part du lion avec 10 fonds pour une valeur de 1,4 milliard d’euros, trois autres enseignes ne sont pas en reste :

  • Natixis ;
  • Société Générale ;
  • et Crédit Agricole.

Rapport_Oxfam-bc0aa.jpgNombre de fonds indexés sur les matières premières (source Oxfam France)

Un phénomène qui s’aggrave depuis 2008

Oxfam France rappelle les conséquences désastreuses de ces pratiques spéculatives sur les prix alimentaires mondiaux : une augmentation de 83 % entre 2005 et 2008 avec un sinistre record pour le blé (+181 %).

Mais Clara Jamart trouve des raisons encore plus graves de s’alarmer :

<< L’évolution des pratiques est inquiétante : c’est depuis la crise alimentaire de 2008 que la majorité des fonds permettant de spéculer sur les matières premières agricoles ont été créés en France.

Au niveau mondial, la tendance est la même : le montant total de ces fonds représentait 90 milliards de dollars en 2011, contre moins de 10 milliards en 2004. >>

Et Clara Jamart d’en appeler à inscrire d’urgence ce problème dans la réforme bancaire en cours. Las, vu l’insipide copie rédigée par les banquiers, reprise à son compte par leur ministre Moscovici, et mise au vote des députés mardi 19 février, c’est plutôt mal parti.

Mais ne désespérons pas. Après tout, reste toujours aux citoyens responsables qu’à réguler les banques eux-mêmes d’autorité, non ? Holà, quelqu’un ?…

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