« Grande perdition » : l’austérité (ou la relance) pour que dalle

Oui, malgré les efforts de l’Insee pour « estimer » le contraire, la France était bien en récession en 2012. Et à peine un mois et demi après le début de l’exercice 2013, le gouvernement recule déjà sur son objectif de ramener « coûte que coûte » le déficit du pays à 3 %. La politique d’austérité, elle, demeure…

Ah, ils s’en donnent du mal pour donner un semblant de vie à leur économie moribonde. Mais peu à peu leurs ficelles craquent. Estimations de croissance révisées à la baisse les unes après les autres, croissance négative « plus forte que prévue » au 4e trimestre (0,3 %), PIB 2012 en stagnation… avant prochaines corrections !

Plus pire qu’estimé

Car toutes ces « estimations » seront bien sûr encore revues à la baisse comme cela a été systématiquement le cas depuis 2008. Ce qui fait que oui, aujourd’hui, la France est bien en récession, tout comme l’Allemagne au 4ème trimestre (-0,6 %) et toute la zone euro sur l’ensemble de l’année 2012).

Mais alors pourquoi maintenir cette politique d’austérité douloureuse puisque de toute façon cela n’arrangera rien, et même pire puisque il est désormais acquis que l’austérité est un remède pire que le mal (la dette, qui ne sera jamais remboursée) et qu’elle conduit au gouffre de la récession ?

<< La France aura besoin d’un délai pour les 3 % >>, titre déjà une dépêche AFP, relayant la nouvelle antienne du gouvernement. Mais oui, c’est ça, en attendant la reprise promise comme d’habitude pour le second semestre 2013, ou pour 2014, ou pour la Saint-Glinglin !

Et passons, pour ne pas les ridiculiser davantage, sur le fait qu’un déficit réduit à 3 %, c’est toujours et encore de la dette supplémentaire, meurtrière par temps de croissance négative.

Aussi pire ailleurs

Il n’y a pas que la France et l’Europe à mordre la poussière. Le Japon affiche lui aussi des résultats en berne. Et coupons net l’enthousiasme des chantres de la relance à l’américaine : non, il n’y a pas de reprise significative aux États-Unis !

Pour Olivier Delamarche, chroniqueur sur BFM Business, les quelques points glanés au pays d’Obama relèvent du trompe-l’œil. Entièrement financés par les largesses monétaires artificielles de la Fed. Et assurés presque exclusivement par de la dépense publique menacée par le « fiscal cliff » et le plafond de la dette.


Olivier Delamarche sur BFM Business le 12 février 2013

Bref, ni politiques d’austérité, ni politiques de relance n’y peuvent désormais plus rien. Comme il est répété ici depuis au moins le 27 novembre 2008, << oubliez le démarreur, c’est la machine qu’il faut changer >>.

Des mômes !

La machine, je veux dire le système, est mort depuis 2008. Depuis 2008, la machine, le système, vit sous perfusion, jetant de plus en plus de gens dans le chaos. Depuis 2008, rien, absolument rien ne s’est arrangé. Tout se délite à petit feu. Nous vivons en sursis, sous l’épée de Damoclès d’un choc systémique grave.

Il ne s’agit plus de s’opposer au système, de vouloir l’amender, mais de tout faire pour le remplacer. C’est toute la logique qu’il va falloir changer, en adopter une nouvelle, basée sur la gestion écologique et sociale des richesses disponibles. En sommes-nous capables ?

Vous verrez que des voix (majoritaires) s’élèveront encore contre ce raisonnement, s’accrocheront comme des forcenées aux derniers oripeaux des faux-semblants, nieront la réalité au nom du réalisme. Mais bon, c’est comme ça, faut faire avec.

Après tout, il nous restera toujours nos équipées guerrières pour donner le change à la dépression qui nous lamine. Des mômes ! L’économiste Jacques Sapir résume très bien la situation en reprenant à son compte un vieux refrain du chanteur Graeme Allwright :

<< … on avait de l’eau jusqu’à la ceinture, et le vieux con nous dit d’avancer ! >>

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