Arts & politique : Gérard Fromanger (1939-18 juin 2021)

art figuration narrative

Gérard Fromanger est décédé ce vendredi 18 juin à l’âge de 81 ans.

Nous nous étions rencontrés à la Jeune Peinture au début des années 70. Gérard était un forcené de l’art, expliquant travailler jusqu’à l’épuisement sur ses toiles dès que l’inspiration le frappait. Il voyait dans son art un outil de contestation de la société de consommation comme la plupart des artistes de la Figuration narrative.

Né en 1939 dans les Yvelines, à 17 ans il intègre l’Académie de la Grande Chaumière puis passe brièvement par les Beaux-Arts de Paris. Il rencontre ensuite César qui l’accueille pendant 2 ans dans son atelier. Il se lie également d’amitié avec Alberto Giacometti et Jacques Prévert. En 1965, il passe définitivement du gris à la couleur avec son Prince de Hombourg, où l’acteur Gérard Philippe se voit démultiplié. En Mai 68 il cofonde l’Atelier populaire des Beaux-Arts avec Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo notamment. Il réalise également l’album de sérigraphies « Le Rouge », dans lesquelles il remplace les manifestants par des silhouettes ou des masses rouges, opposées aux policiers en bleu et blanc.

Son esthétique le rapproche, dès 1965, de la “Figuration narrative”, qui, s’opposant à l’abstraction dominante, reprend les codes du Pop Art en lui appliquant une dimension politique, bien plus critique de la société de consommation. Ce courant prend corps en 1964 à l’occasion de l’exposition “Mythologies quotidiennes”. Pour Gérard, la rue est une source d’inspiration sans fin, comme on le voit dans ses différentes représentations de scènes de ville, de la série Boulevard des Italiens (1977) jusqu’à son Impression soleil levant 2019 (2019), en passant par Sens dessus dessous (2003).

Malgré le cancer qui avait creusé ses joues et éclairci ses cheveux, Gérard, peintre jovial au récit si naturellement charmeur, était resté un éternel jeune homme…