Art & politique : Thierry Carrier (1973- )

Thierry Carrier, Code 2011, 2020, Huile sur toile, 130 x 162 cm

Thierry Carrier est né en 1973 à Bort-les-Orgues. Diplômé des Beaux-Arts de Toulouse, il vit et travaille à Souillac, dans le Lot et se consacre à la peinture depuis plus de vingt ans.

Le travail de Thierry est à la fois minimal et massif, tout comme l’effet qu’il produit : à la limite du soutenable. C’est que, sur la toile, l’artiste traverse son modèle et donne à voir ce qui en lui résonne lorsqu’il peint.

Ses toiles, sans titres, sont codées et représentent le plus souvent des scènes improbables, voire irréelles… Ses personnages, hommes, femmes, enfants, semblent suspendus dans un environnement minimaliste.

Si l’on retrouve des personnages emprunts de réalisme dont certains partagent notamment les traits de son visage, l’artiste cherche à s’affranchir de l’attention portée aux caractéristiques physiques du sujet traité. Les postures immobiles et les regards neutres, absents ou masqués de ses personnages dégagent un sentiment de mystère encore amplifié par les fonds “floutés”, quasi abstraits.

Dès lors, l’oeuvre dirige notre attention, non plus sur l’aspect physique du sujet, mais sur l’atmosphère qui imprègne la toile. Le temps s’est arrêté.

La peinture de Thierry Carrier est énigmatique, sensible et profonde. Silencieuse également.

« Il y a encore trois ou quatre ans, je peignais plusieurs personnages, de manière très frontale, sur fond neutre, abstrait. Cela avait quelque chose de très classique. Et petit à petit, j’ai eu envie d’un peu plus de narration, voire de théâtralité. J’ai clairement été influencé par le cinéma, l’image. Je me rappelle qu’encore lycéen, j’avais été très marqué par un film vu au cinéclub, “Les Ailes du désir”, de Wim Wenders. Cela doit se ressentir dans mes peintures. Ce qui m’intéresse, c’est clairement l’image. La peinture est un outil, la photo aussi, le cinéma pourrait en être un. L’outil est moins important que l’image… On se retrouve devant différentes mises en situation d’un état, un monde de silence, une représentation dépouillée de l’Homme, un être en suspens et insondable, une peinture reflétant ma propre aspiration au silence. »

Thierry Carrier, Code 1936, 2019, Huile sur toile, 97 x 130 cm
Thierry Carrier, Code 1520, 2015, Huile sur toile, 160 x 260 cm