Art & politique : Serigne Ibrahima Dieye (1988- )

art & politique : Serigne Ibrahima Dieye
Serigne Ibrahima Dieye : Human Sacrifice #3, 2020, technique mixte sur toile, 200 x 300 cm © Galerie Cecile Fakhoury

Serigne Ibrahima Dieye est né en 1988 à Dakar. Il vit et travaille à Grand Mbao, Sénégal. Diplômé de l’École nationale des Arts de Dakar en 2013, Serigne Ibrahima Dieye développe une pratique à la croisée du dessin, de la peinture et du collage.

Travaillant souvent sur de grands formats, l’artiste mélange symboles, formes et matières. Serigne Ibrahima Dieye compose des scènes étranges d’un théâtre contemporain dont animaux hybrides et figures mystérieuses sont les protagonistes. Débute alors le récit de fables urbaines tant fantaisistes que dramatiques et qui empruntent leur sujet à diverses cultures et puisent leur profondeur dans les nébuleuses de l’histoire et de l’actualité. Dans ses oeuvres, Serigne Ibrahima Dieye nous dévoile un regard poétique sans concession et non dépourvu d’ironie sur la société contemporaine et les maux qui l’agitent.

En tant qu’artiste plasticien, Serigne Ibrahima Dieye considère que son rôle est engagé. Il s’agit pour l’artiste de donner à voir ce que l’on ne voit pas ; de faire entendre ce qui se murmure tout bas. Faire apparaître les formes ; matérialiser par l’art les idées comme un ensemble de zones grises – souvent obscures – que l’on placerait dans la lumière pour mieux les observer et mieux les décomposer. Les personnages des peintures et des installations de Serigne Ibrahima Dieye sont des idées auxquelles l’artiste a donné corps et matière. Ce sont des allégories visuelles de maux qui déchirent les sociétés contemporaines.

Souvent, l’artiste a recours à la figure animale pour mieux dire l’humain et ses torts comme dans les fables, cette forme de récit millénaire aux géographies multiples, de la Perse ancienne à la Méditerranée moyenâgeuse, de La Fontaine à Birago Diop.

Pour créer ses oeuvres, Serigne Ibrahima Dieye puise aussi dans la société d’aujourd’hui, ses mythes de succès et ses malédictions ; sa violence et sa vivacité créative ; ses histoires populaires et ses territoires oubliés. Il n’y a pas de hiérarchie dans le choix des sujets de l’artiste : il s’agit de se raconter, et ce faisant de se donner matière à se réinventer.

À travers un geste plastique fort, l’artiste entend dénoncer la violence systémique de notre monde contemporain tout en essayant de créer les conditions de possibilité pour chacun de réfléchir aussi à sa part de responsabilité et au rôle que l’on peut choisir de prendre – ou non – dans ce monde.