Art& politique : Sergio Moscona (1979- )

Sergio Moscona, One way, 2021, peinture, 80 x 120 x 2 cm

Sergio Moscona est né en 1979 à Buenos Aires, Argentine. Il vit toujours et travaille à Buenos Aires.

Sergio Moscona a grandi pendant la dictature militaire en Argentine. Plus tard, il traitera avec pudeur de l’indicible. Son œuvre fertile, protéiforme, surabondante pose la question de l’inhumanité et s’interroge sur ses contemporains. Dans l’adversité, face à l’autre, qui sommes-nous ? Comment réagissons-nous ? Illustrant ses affres, ses écueils, mais aussi ses réflexions philosophiques, Sergio Moscona porte un regard riche et interrogateur sur l’existence.

« Mon œuvre se nourrit de faits sociaux, c’est un jeu constant avec ce qui arrive, une interaction qui déplace et retourne les choses avec la seule intention de tenter de s’en approcher à partir d’un point où je puisse, dans la mesure du possible, les comprendre. »

« Son œuvre s’inscrit ainsi dans une tradition narrative dans laquelle on peut voir l’héritage d’une lignée d’artistes argentins, politiquement engagés, tels Antonio Segui ou Antonio Berni. Les peintres de la “Otra Figuracion” des années 1960, qui se distinguent par le traitement très libre de la figure humaine, l’influenceront aussi durablement. Le motif de Sergio Moscona, c’est l’homme, qu’il représente surtout en groupe, mêlé à des foules et à des processions. Ce même homme, qui souvent se démultiplie ans une même œuvre, est à la fois l’acteur en plein mouvement et le témoin stupéfait d’une histoire tourmentée. C’est dans les rues grouillant de monde et dans les bus de Buenos Aires que Moscona glane ses images. Pour en restituer les sons, le mouvement, les parfums, il les superpose sur la toile ou le papier, en couches transparentes et leur fait subir des décalages. Par le biais de différents plans juxtaposés ou enchevêtrés, il laisse apparaître les personnages les uns à travers les autres, faisant surgir des espaces temps inattendus. L’ensemble est riche de la multiplication des solutions plastiques proposées et surprend par sa diversité. Mais il y a aussi quelque chose de religieux dans l’œuvre de Moscona. Les séries “Problèmes primaires sans pitié” ne sont pas sans parenté avec des crucifixions et des descentes de croix. En reprenant à son compte des techniques et des questions fondamentales qui ont traversé l’histoire de l’Art, Sergio Moscona montre une œuvre débordante d’humanité, tournée vers les autres. Si certains artistes ont abandonné la peinture, Moscona, lui, peint plus que jamais. Avec frénésie. Avec une joie animale » – Marie-Josée Linou.

Sergio Moscona, Ir con Yatagaratsu, 2022, peinture, 56 x 76 x 2 cm
Sergio Moscona, El que desea y no obra engendra peste, 2021, Acrylique sur papier, 80 x 120 cm