Art & politique : Marcelo Brodsky (1954- )

Marcelo Brodsky (& Gideon Mendel), Zimbabwe 1972, Africa Series 2018

Marcelo Brodsky est né en 1954 à Buenos Aires, en Argentine. Artiste et militant politique, il vit et travaille à Buenos Aires.

Marcelo a été contraint à l’exil à Barcelone à la suite du coup d’État du général Videla en Argentine en 1976. Il étudie l’économie à l’Université de Barcelone ainsi que la photographie au Centre Internacional de Fotografia (Barcelone). Lors de son séjour en Espagne, il réalise des photographies qui immortalisent l’état psychologique d’un expatrié.

En 1984, à la fin de la dictature militaire, il retourne en Argentine et initie le projet “Buena Memoria” sur l’enlèvement de certains de ses camarades de classe et de son frère Fernando par les escadrons de la mort pendant la dictature militaire argentine (1976-1983). À partir d’une photo de classe, retrouvée à son retour de l’exil espagnol, il rapportait la vie de ceux qui avaient survécu à la dictature militaire et ceux qui, comme son frère, avaient disparu pour toujours. “Buena Memoria” est un essai visuel qui traite de la mémoire collective des années sous la dictature inspirée par les émotions et les expériences personnelles de ceux qui l’ont vécue. Brodsky est devenu internationalement connu avec ce cycle de travail “Buena Memoria”.

D’autres séries d’ouvrages ont suivi, comme “1968 Le feu des idées”, “L’Afrique en lutte pour la liberté” ou “Migrants”. Situées à la frontière entre installation, performance, photographie, monument et mémorial, ses pièces mêlent texte et images, utilisant souvent des figures de style. L’artiste créé une relation intense entre le mot et l’image en intervenant directement sur les images d’archives.

“1968 Le feu des idées” : tous ceux qui ont vécu dans la deuxième partie du XXème siècle dans l’hémisphère occidental ont été marqué d’une manière ou d’une autre pour les événements de 1968, une année pendant laquelle la jeunesse a pris les rues et revendiqué plus de liberté. Au contraire des mass-médias courants qui célébreront l’axe Prague-Berlin-Paris-Berkeley/Chicago, le travail de Marcelo Brodsky consiste aussi à montrer que le monde entier était en ébullition, de Melbourne à Dakar, de Rio de Janeiro à Pékin, de Belgrade à Dhaka. Que la jeunesse est aussi descendue dans les rues à Tunis est un intéressant lien vers les printemps arabes et est le rappel que les rébellions et manifestations sont aussi présentes de Téhéran à Belo Horizonte et d’Istanbul au Caire.

“L’Afrique en lutte pour la liberté” : comme dans sa précédente série d’œuvres, Brodsky agrandit et intervient sur les photographies soulignant l’effet esthétique de l’image en retravaillant les couleurs à la main. Le beau devient plus beau, l’horreur devient plus horrible. Sa propre contribution textuelle courte, typique de ses œuvres, exprime la voix et le point de vue des colonisateurs dans chaque photo colorée. Elles montrent très clairement la violence, ce qui les rend assez dérangeantes pour le spectateur. Son travail vit de la tension entre écriture et image et propose ainsi une vision alternative à l’histoire officielle.

Marcelo Brodsky est un membre actif de l’organisation de défense des droits de l’homme Asociación Buena Memoria, et il est membre du conseil d’administration du Parque de la Memoria, un parc de sculptures et un grand monument avec une galerie, construit à Buenos Aires à la mémoire des victimes du terrorisme d’État.

Marcelo Brodsky, Traces of Violence : We-carried-you-in-chains
Marcelo Brodsky, The fire of Ideas : Belgrade 1968, Print with hard pigment inks on Hahnemühle paper, 60 × 90 cm, 2014-2019