
Françoise Petrovitch est née en 1964 à Chambéry, elle vit et travaille à Cachan (Val-de-Marne).
Elle enseigne à l’École supérieure des arts et des industries graphiques (école Estienne) de Paris.
Depuis les années 1990, Françoise Pétrovitch façonne l’une des œuvres les plus puissantes de la scène française, une l’œuvre protéiforme où elle questionne avec autant de subtilité que d’acuité l’univers de l’enfance et de l’adolescence, la féminité ou encore l’intimité. Naviguant entre intériorité et extériorité, inquiétude et légèreté, force et fragilité, l’artiste interroge les façons d’être au monde. Son trait singulier sillonne l’entre-deux et raconte la dualité des existences. Elle construit un monde dont chaque partie manifeste l’instabilité, des sentiments, des humeurs, des corps, auxquels l’artiste donne la grâce inquiète de leurs métamorphoses. Rien n’est stable, rien n’est durable, la brume ou l’eau emporteront ces apparitions d’apparences.
Parmi les nombreuses techniques qu’elle pratique – céramique, verre, lavis, peinture, estampe ou vidéo – le dessin tient une place particulière. Dans un dialogue constant avec les artistes qui l’ont précédée elle révèle un monde ambigu, volontiers transgressif, se jouant des frontières conventionnelles et échappant à toute interprétation. L’intime, le fragment, la disparition, les thèmes du double, de la transition et de la cruauté traversent l’œuvre que peuplent animaux, fleurs et êtres, et dont l’atmosphère, tour à tour claire ou nocturne, laisse rarement le spectateur indemne.
« Pétrovitch, c’est serbe. J’aime ce nom. Il est beau, non ? Et c’est tout ce qui reste de cet héritage slave. Par souci d’intégration, on a fait le vide pour accueillir très vite une autre culture, une autre langue… À 6 ans, je voulais être dessinatrice. Artiste, je ne savais pas ce que cela voulait dire. Mes parents non plus. Mais ils ont eu l’intelligence de me faire confiance. Assez tôt j’ai quitté la maison pour aller à Lyon en classe prépa aux Arts appliqués. Une formation passionnante qui se termine à l’École normale. Ensuite, je commence à chercher pour moi, dans mon atelier, seule. Mon travail s’est développé sans fulgurance, sans rapidité, sans avoir à montrer. C’est dans ce socle que je viens encore puiser. La pratique d’atelier me permet de travailler beaucoup, sans dépendre des autres. Plus on fait seul, plus on est à son rythme, à sa respiration, à sa possibilité. »
« Ce qui anime mon travail ? Le double, le dédoublement, l’ombre, la féminité, et aussi l’idée de la figure. Quelque soit la pratique (sculpture, gravure, dessin, peinture, vidéo). Il y a beaucoup d’humains au regard baissé, souvent à la marge, des individus qui ne sont pas des figures de pouvoir. Lorsque la marge entre dans le centre, tout est bousculé et quelque chose survient. Les paysages, eux, sont intérieurs, intimes. Même si avec ma récente série “Les Îles”, je m’avance vers des horizons plus définis. J’interroge la perte, l’absence, les rêves, parfois inaccessibles. »

