
Fabien Boitard est né en 1973, il vit et travaille à Aniane près de Montpellier. Formation à l’École nationale des Beaux-Arts de Bourges, DNSEP avec les félicitations du jury.
Comment peindre aujourd’hui ? Certainement en tenant compte de la déferlante des images audiovisuelles et de celles générées par les arts numériques. Le travail de Fabien Boitard le place dans cet espace d’entre-deux où nombre d’artistes l’ont précédé depuis Picabia. L’expérience de Sigmar Polke et de l’apparition de la banalité au travers de ses reprises de photographies participe du bagage intellectuel de l’artiste. Sans oublier la notion de flou et le caractère impersonnel utilisé par Gerhard Richter. En utilisant fréquemment la technique de pixellisation de certaines parties du paysage, l’artiste arrive à les cacher en apparence afin de mieux dévoiler le sens du fragment et de la totalité sous-jacente.
Fabien Boitard peint avec fougue. Sa peinture vitupère, exprime avec force une certaine forme de protestation. Contrairement à nombre d’artistes Fabien adopte un style hétérogène. Il explique: « On n’a pas le même rapport face à une maison, à un arbre ou à une personne, donc pourquoi traduire cela par la même façon de peindre. »
Qu’il torde un châssis, qu’il colle, qu’il recouvre, qu’il arrache, qu’il repeigne, qu’il jette, racle, sa personnalité et son style s’affirment sans concession. À ces techniques sans cesse revisitées s’ajoute en plus l’étendue des sujets, des figures et Fabien ne manque pas d’inspirations, elles pleuvent, que se soit devant sa porte, autour de lui, dans le monde des médias ou dans celui des virtualités numériques ou autre nouveaux mondes. Tout est sens, qu’il convoque à l’aune de la pertinence de son sens critique.
« Je fais tout moi-même, mes châssis, par exemple. C’est important pour moi de faire les châssis, c’est déjà une façon de m’approprier la toile. Pendant que je le fabrique, déjà je pense et essaie d’imaginer ce qu’il y aura dessus plus tard. Je commence mon tableau à partir du moment où je fabrique mon châssis… je ne me préoccupe pas tant que cela des couleurs. Bien sûr que je ne les mets pas au hasard, mais cela ne doit pas me poser de problème. Mon problème, pour moi, le premier des problèmes, c’est : quoi raconter ? Il ne faut pas que ce soit le “comment faire ?”, et le “comment faire” vient nourrir le “quoi raconter”. Poser de la peinture, en soi, comporte déjà quelque chose de narratif. Une coulure raconte quelque chose, une tâche, pareillement. Un sorti du tube raconte quelque chose. »

