
Christiane Pooley est née en 1983 à Temuco au Chili. Elle vit et travaille à Paris.
Après des études à l’Université pontificale catholique du Chili, elle a obtenu son diplôme au Chelsea College of Art and Design de Londres.
Peintre d’espace témoignant de l’instabilité des structures humaines, Christiane Pooley a développé un univers singulier qui navigue entre le sublime, le politique et la mélancolie. S’inspirant d’images et de récits issus de l’histoire de son pays ou de sa vie personnelle, elle met en scène des voyageurs, des vagabonds, des migrants ou des touristes au cœur d’arrière-plans abstraits, de paysages ou d’espaces domestiques.
Christiane est née et a grandi en Araucanie, une région du sud du Chili qui a été incorporée au territoire national par le biais de l’occupation militaire et de la colonisation à la fin du XIXe siècle. Depuis lors, il y a un conflit récurent entre les habitants d’origine et les colons, provoquant des répercussions directes sur elle-même et sa famille. En tant que Chiliens qui se sont installés dans la région (elle est la 5e génération), leur droit de vivre ou de s’identifier à la région est maintenant contesté par certaines communautés au motif de la propriété, qui sont historiquement fondées, mais ignorent les liens émotionnels et la formation de l’identité née au fil du temps.
« Je m’intéresse à la façon dont nous construisons la croyance en réponse à des notions que nous ne pouvons pas saisir pleinement, comme notre rapport au temps, à l’espace ou à l’infini. Par l’observation, la classification et la transformation, je tente de trouver des moyens d’explorer cette idée. Mon travail se pose comme une documentation continue de soi ; qui s’organise à travers différents projets. Comment voir, comment fonctionne ma mémoire, comment reconstruire ma propre histoire ? J’aime réfléchir sur les manières dont se déroule cette documentation, et intégrer sa structure subjective dans mes images. »
Dans des paysages de forêts denses ou de déserts de sable s’animent des personnages contemporains ou du XIXe siècle, évoquant par exemple le conflit entre soldats chiliens et Mapuches, Indiens de la région d’Araucanie, qui luttent encore aujourd’hui pour la préservation de leur terre et de leurs cultures. Ce va-et-vient entre monde actuel et passé se lit par petites touches, en allusions discrètes, et sert des tableaux à l’étrangeté évidente, apparemment sages mais tout à fait remarquables.

