Appel à l’armée, manifestations interdites, manifestants considérés comme émeutiers : stratégie pour faire face à la panique répressive du régime

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Les dernières mesures répressives prises par le régime sont dans la logique d’une insurrection menée à son encontre : l’instant décisif où le pouvoir contesté prend enfin conscience de la gravité de SA situation… et tombe en totale panique !

Appel à l’armée – en  détournant carrément les forces de l’opération Sentinelle de leur mission de protection antiterroriste ! – interdiction de manifestations, manifestants considérés comme émeutiers en puissance…, ce fourre-tout de mesures répressives prises dans la précipitation traduit plus une fébrilité et une débandade qu’une autorité.

Entendons-nous bien, les mesures décidées par le gouvernement et la présidence sont graves et doivent être prises au sérieux. Elles n’émanent pas d’un pouvoir politique légitime, mais d’une mafia de gangsters, aux réactions imprévisibles, qui s’en est emparée en profitant d’une élection présidentielle parodique en 2017 (une présidentielle où TOUS les médias prennent ouvertement partie pour un candidat au détriment de tous les autres est une parodie).

Des rapports de forces complexes, pas forcément à l’avantage du pouvoir

Pourtant les Gilets jaunes ne doivent ni s’étonner, ni s’effrayer des dérives de la macronerie en panique.

  • Ne pas s’en étonner car ce passage douloureux est un passage obligé de toute révolution, je veux dire de tout changement de régime, de tout changement de République. Naïf celui qui croit qu’un régime contesté va céder sans combattre.
  • Ne pas s’en effrayer, car un rapport de force dans un pays en période insurrectionnel ne s’établit pas seulement entre un pouvoir honni et sa population, mais fait entrer en jeu des institutions d’État dont nul ne peut prévoir de quelle côté de la balance elles pencheront.

Il est clair que des divergences d’appréciation sont déjà apparues entre forces de gendarmerie (dépendantes de l’armée) et forces de l’ordre civiles (CRS, BAC). Les forces armées impliquées dès samedi prochain dans le maintien d’un ordre contesté par les Gilets jaunes, avec le soutien non démenti d’une majorité de l’opinion publique, accepteront-elles de tirer à balles réelles – seul et unique moyen pour elles d’intervenir dans une situation conflictuelle – sur la population dont elle sont censées être le bouclier ? Rien n’est moins sûr.

Stratégie offensive

Dans une période aussi explosive, il est délicat de délivrer de doctes conseils à un camp particulièrement exposé (celui du peuple en gilet jaune). Essayons néanmoins d’esquisser une stratégie offensive face aux menaces répressives du régime.

  • D’abord et surtout, ne rien lâcher ; continuer sur la lancée d’actes hebdomadaires parfaitement justifiés et usant manifestement le pouvoir contesté.
  • Ensuite, rester extrêmement prudents ; ne pas céder aux provocations du camp d’en face ; ne rien faire qui justifierait l’intervention des forces militaires contre soi.
  • Enfin, travailler à rallier celles-ci à notre cause. Rappelons-nous qu’un des premiers impairs commis par le trou du cul élyséen fut de se mettre à dos la hiérarchie militaire à travers le limogeage, à grand peine déguisé en démission, du général Pierre de Villiers en juillet 2017.

Je conviens que l’exercice est difficile, périlleux, incertain. Il est néanmoins incontournable pour toute révolution populaire pénétrée de son bon droit. L’Histoire montre que toute révolution dépend de basculements imprévisibles dans les rapports de forces. À nous de faire en sorte qu’ils basculent de notre côté. Nos maîtres-mots : la patience, l’intelligence de la situation, l’obstination.

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