
En marge de l’hystérie collective qui secoue notre pays, essayons calmement d’analyser la situation, ou plutôt les situations. Il apparaît clairement et rapidement que le pouvoir politique, sonné par des semaines de manifestations Gilets jaunes, ébranlé par les grèves à répétition des classes moyennes (hôpitaux, avocats…), terrassé par la crise sanitaire du Covid-19, est en train de perdre pied dans à peu près tout ce qui devrait être ses domaines de compétence.
Domaine sanitaire
C’est peu dire que la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 par le pouvoir a été désastreuse. Entouré de pieds nickelés ne connaissant rien d’autre que les intérêts bien compris des labos – ah, le “Conseil scientifique” ! – en butte aux critiques des véritables spécialistes de terrain (Perronne, Raoult, Toubiana, Toussaint…), le pouvoir est en train de s’empêtrer dans des mesures sans queue ni tête – ah, le couvre-feu ! – en attendant un vaccin qui ne viendra pas, ou trop tard, étant donné l’état calamiteux de la recherche en France et plus généralement de tout le système sanitaire français.
L’exécutif se défend d’avoir été contraint au couvre-feu faute d’avoir prévu assez de lits en réanimation. Mais au CHU de Nantes, une centaine de lits ont été fermés ces derniers mois. Certains personnels sont entrés en grève illimitée. #COVIDー19 https://t.co/p18smI5b3H
— Gaëtan Escorbiac (@GaetanEscorbiac) October 20, 2020
Domaine économique
Passée la première (et seule) vague de l’épidémie de Covid, il est vite apparu que le pouvoir ne maîtrisait pas non plus l’outil économique et qu’il était bien incapable de redresser situation défaillante de la France en ce domaine. Donner un peu plus de fric aux entreprises garnira sans doute les poches des actionnaires, mais ne créera évidemment pas plus de croissance que d’emploi. L’idée de planification confiée à Bayrou est une désolante plaisanterie. Et ce sont pas les restrictions imposées à tort et à travers pour juguler la vaguelette de Covid qui vont arranger les choses.
Maintien de l’ordre
Le régime macronien, débordé, confond coups de matraque et maintien de l’ordre. Il n’est pas plus parvenu à enrayer les actes des Gilets jaunes, qu’à circonscrire les différentes grèves, ni à empêcher le meurtre du professeur de Conflans-Sainte-Honorine malgré les signalements de l’assassin. Le voilà désormais contraint à des actes désordonnés qui ne remuent que du vent. Le fascisme aussi requiert des compétences.
#Conflans Des opérations de police ont été lancées contre « des dizaines d’individus » qui n’ont pas un « lien forcément avec l’enquête mais à qui nous avons envie de faire passer un message », a déclaré Gérald Darmanin ce matin. #SamuelPaty #Paty https://t.co/UVaSRSzrkl
— La Croix (@LaCroix) October 19, 2020
Communication et médias
Bousculé, dépassé, le pouvoir est aussi en train de perdre sa communication médiatique. Difficile de faire dans la nuance avec des propagandistes de bazar comme Christophe Barbier, Pascal Praud ou Olivier Truchot. De là à péter les plombs sous la pression de la panique, il y a un pas que le pouvoir est en train de franchir allègrement. Passer de la condamnation d’un acte terroriste commis au nom d’une religion à la condamnation de toute cette religion, de ses pratiquants, de ses associations (CCIF, BarakaCity), puis en arriver à étendre cette condamnation à tout ce qui est opposition, en dit long sur la dérive des tenants de l’autorité. L’excès se retourne souvent contre ceux qui en abusent aussi grossièrement. Traiter JeanLuc Mélenchon d’« islamo-gauchiste » n’aura probablement pas plus d’impact dissuasif que de l’accuser de bolivarisme, mais pourrait même avoir l’effet contraire comme on le constata avec le score de l’intéressé au 1er tour de la présidentielle 2017.
On accuse aujourd’hui, à juste titre, le régime macronien de dérives fascistes, réaction caractéristique d’un pouvoir qui perd les pédales. Mais le fascisme aussi requiert des compétences. Pour l’heure, l’effondrement des imbéciles poursuit son bonhomme de chemin. Qui s’en plaindrait ?