
Intéressantes réflexions du député FI Adrien Quatennens sur Radio Classique à propos de la pauvreté en France. Avec un constat, une déclaration d’intention et une proposition précise.
Le constat n’était pas difficile à établir : 9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté en France − dont 1 millions de travailleurs pauvres ! – soit 14% de la population. Et encore heureux que les minima sociaux corrigent toujours un peu le tir. Adrien Quatennens :
« Macron fustige le « pognon de dingue » que coûteraient les minimas sociaux. Avec ces minimas sociaux, 14% des Français vivent sous le seuil de pauvreté. Ce n’est pas satisfaisant, mais sans ces minimas sociaux, ce serait 24%. »
La déclaration d’intention d’Adrien Quatennens tombe sous le sens : « Il y a urgence à mieux répartir les richesses. » Mais la faille de son discours – comme d’ailleurs de toute la France insoumise – vient de son addiction irréaliste aux vieux mythes obsolètes du monde d’avant, le mythe du plein-emploi par exemple :
« Mettons le paquet pour relancer l’activité ! La situation de l’emploi dans notre pays est une situation de pénurie avec 1 emploi non pourvu pour 44 chômeurs. La planification écologique et le partage des richesses permettraient de répondre à de nombreux défis. »
Problème, le plein emploi a disparu depuis plus de 40 ans, ne reviendra pas, même avec « la planification écologique », et n’est d’ailleurs même pas souhaitable. Rappelons à Adrien Quatennens que le but de l’activité économique n’est pas de fournir des emplois, mais de produire le volume de biens et de services nécessaire à la population, avec ou sans plein emploi, et de les redistribuer équitablement entre tous les citoyens, avec ou sans emploi.
Appeler un chat un chat : la « garantie de dignité » de Quatennens = un véritable revenu de base
Une proposition précise vient cependant redonner de la vigueur aux propos d’Adrien Quatennens :
« Nous proposons d’instaurer une garantie de dignité à hauteur de 1 000 euros mensuels pour que plus personne ne vive sous le seuil de pauvreté. »
Là encore, le discours gagnerait en force si Adrien Quatennens n’usait pas d’une formule ampoulée. Sa proposition de « garantie de dignité » n’est rien d’autre que celle d’un véritable revenu de base, qui est précisément d’empêcher que des citoyens d’un pays riche vivent en dessous du seuil de pauvreté (à ne pas confondre avec la version néolibérale pervertie du revenu de base réduit à un minima social famélique).
Cette illisibilité du discours insoumis se retrouve d’ailleurs dans son programme, L’Avenir en commun, où il est bien proposé de garantir à toutes les tranches de la population de vivre au-dessus de ce seuil fatidique de pauvreté, mais avec un phrasé si délayé qu’il n’en fut pas perçu par suffisamment d’électeurs. Faire de la politique, c’est aussi appeler un chat un chat.