
À fin octobre 2017, 987 personnes avaient déjà été tuées par la police US depuis le début de l’année. Rappel : 1163 en 2016, 1218 en 2015…
En comparaison, écrit le journaliste américain Chris Hedges dans Truthdig, les policiers britanniques n’ont tué que 27 personnes au cours des 22 dernières années.
Les forces de police des États-Unis, poursuit Chris Hedges, sont devenues des monstruosités militarisées qui répandent la peur et la terreur dans les communautés pauvres, de préférence de couleur.
« Des unités d’élite de la police avec des armes militaires font irruption dans des maisons souvent pour des délits non violents, parfois en tirant sur les occupants. Des flics prompts de la gâchette tirent au fusil à pompe dans le dos d’hommes et de femmes non armés sans jamais être poursuivis pour meurtre. »
Une justice à deux niveaux
En même temps, pointe Chris Hedges, la justice refuse de tenir les banques, les sociétés et les oligarques de Wall Street pour responsables des crimes qui ont causé des dommages incalculables à l’économie mondiale et à l’écosystème. Aucun des banquiers qui ont commis des actes de fraudes massives et ont été responsables de l’effondrement financier de 2008 n’est allé en prison.
La conclusion de Chris Hedges est impitoyable :
« Les forces de police, comme écrit Vitale dans son livre [The End of Policing (La fin de la police)] n’ont pas été formées pour assurer la sécurité publique ou empêcher le crime. Elles ont été créées par les classes de propriétaires pour maintenir leur domination économique et politique et exercer un contrôle sur les esclaves, les pauvres, les dissidents et les syndicats qui ont défié l’emprise des riches sur le pouvoir et la capacité d’amasser des fortunes personnelles. »
1er novembre : l’état d’urgence policier intégré dans le droit commun français
On a coutume de dire, ici en Europe, et plus spécifiquement en France, que ce qui se passe « en Amérique » anticipe d’une ou deux dizaines d’années ce qui finira par advenir chez nous. Galéjades ?
Regardez bien ce qui se prépare précisément dans notre chère France : demain, 1er novembre 2017, l’état d’urgence, qui permet à notre police de faire à peu près tout et n’importe quoi quand elle le décide (et elle ne s’en prive pas depuis plusieurs années : souvenez-vous Rémi Fraisse) sera intégré dans notre droit commun.
Ceux qui s’indignent de cette évolution policière de notre vieux monde ont tort. Cette évolution policière est dans l’ordre logique des choses : une réaction épidermique agressive des mondes qui vont mourir. Il ne convient plus de perdre son énergie à s’en indigner, mais de s’y opposer par tous les moyens possibles.