7 septembre 2010 : une journée de manifestations décisive

Mettons carrément les pieds dans le plat : si la « manifestation unitaire » du 7 septembre contre la réforme des retraites devait se limiter à une énième démonstration plan-plan sur fond de compte d’apothicaires concernant les effectifs défilant, bonnes gens, mieux vaut rester bien au chaud dans vos charentaises à mûrir vos frustrations !

Vous aurez beau vous égosiller en slogans genre « aucu-aucu-aucune hésitation » ou « Sarko, t’es foutu, le peuple est dans la rue », rien de rien ne changera à la marche des choses. Comme rien n’a d’ailleurs changé lors de vos précédentes marches. Et pour cause !

C’est la survie de tout le système qui se joue

La vérité est que le camp d’en face, celui qui vous gouverne, n’a plus le choix. Enfin si, il en a un, mais avec une seule réponse possible pour lui et les commanditaires du système qu’il représente : ou survivre, ou disparaître.

Comprenons-nous bien : en 2008, le système (financier) en question a implosé. Si les pouvoirs publics ne s’étaient pas littéralement ruinés à le sauver (avec vos sous), celui-ci n’existerait tout bonnement plus. Plus de BNP, plus de Société Générale, plus de Crédit Agricole, de Natixis, de Banque Postale…

Et de fait, l’État français, comme beaucoup d’autres et non des moindres, est aujourd’hui proprement ruiné. Contrairement à ce qu’il clame, rien de rien ne redémarre. Alors, coupes sombres dans la santé publique, dans l’éducation nationale… et dans les retraites !

La dette publique explose. L’État doit trouver quelques 200 milliards en 2011 pour faire face à ses obligations. Et les agences de notations internationales sont comme charognards aux aguets, prêtes à lui dézinguer sa côte de confiance. Et à l’enfoncer un peu plus.

Entre la Bastille et l’Élysée, 5000 mètres

Alors là-dedans, pensez, vos slogans et vos défilés pépères : du pipi de chat dans un violon ! Ce n’est pas vos gros yeux, vos cris de protestations ou vos pancartes enflammées qui risquent de déstabiliser l’Élysée et ses sbires.

La journée du 7 septembre est-elle donc perdue d’avance ? Une brochette de manifs que les vaincus mènent pour se donner bonne conscience ? Un ultime baroud d’honneur pour apaiser la brûlure d’une défaite annoncée ?

Que nenni ! Mais à condition de passer la vitesse supérieure. Rappelez-vous qu’en 36 ou en 68, il a fallu aussi arrêter les usines.

Paraît que vous êtes trois Français sur quatre à approuver la journée du 7 septembre. Mais aussi trois sur quatre à vous résigner aux mesures gouvernementales. Techniquement (et financièrement), il est pourtant parfaitement possible de sauver le régime actuel de retraites. Il faut savoir ce que vous voulez, bonnes gens.

Entre la Bastille, fin convenue de la manifestation parisienne, et l’Élysée, il n’y a guère que 5000 m. À peine plus d’une petite heure de marche à pied. À un train de futur retraité. C’est comme vous le sentez.

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