
Pardonnez-moi, mais les célébrations aux morts me rappellent toujours l’invention des dieux pour expliquer ce que nous ne nous expliquons pas, ou celle du paradis éternel pour supporter notre insupportable condition de mortels.
Mais alors que dire quand cette célébration se permet de trier ses morts sur le volet, en écartant sans vergogne une partie des héros de l’histoire (avec ou sans grand H) ? Que dire de ces agapes lamentables tenues ce 6 juin par les zombies d’un empire cacochyme pour célébrer UNE PARTIE SEULEMENT des morts de ces douloureuses années, en ensevelissant sans scrupule dans la fosse commune de l’oubli les morts russes du front d’en face, et en invitant à leur fête la descendante des assassins d’autrefois au prétexte qu’elle faisait désormais partie de leur petit clan à allure d’Ehpad ?
Les hommages aux morts du passé sont souvent une manière pour les vivants de se rassurer à bon compte sur leur sort défaillant du présent. Comme ces dieux sortis de nos imaginations terrifiées pour nous promettre une vie éternelle… après notre mort.
Pardonnez-moi, mais aux hommages rendus à nos morts, j’ai toujours préféré le respect dû aux encore vivants, enfin, certains. Les morts du passé – ou ceux d’aujourd’hui – je les regrette bien sûr, surtout quand la faucheuse frappe des types (des deux sexes) qui ne demandaient sans doute rien, mais à qui on doit une partie de notre existence de vivant. Ceux du débarquement du 6 juin 1944, mais aussi ceux de Stalingrad et du front Est.
Ce n’est pas pour autant que je me sens obligé d’aller palucher l’épaule de Poutine comme un con.