Le Grand jeu : false flag au carré ?

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Cette nuit, donc, l’occupant de la Maison Blanche a ordonné le tir de 59 missiles sur la base aérienne de Chayrate en Syrie, l’une des principales du pays. Première info, d’après les Russes, seuls 23 des 59 Tomahawks ont touché au but, ce qui donne un ratio peu glorieux. Plus intéressante est la suite :

Le bombardement a néanmoins détruit un dépôt de matériel, une structure d’entraînement, un réfectoire, six avions MIG-23 en cours de maintenance dans des hangars et une station radar. Le bilan des tués est de 10 soldats ainsi que neuf civils dont des enfants a fait savoir la Syrie. La piste d’atterrissage et les avions stationnés sur les parkings n’ont pas été endommagés, a indiqué le ministère.

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Cela semble confirmé par des images de drone :

Le Pentagone a prévenu à l’avance les Russes et l’armée syrienne de l’attaque !

Mais le clou du spectacle est que le Pentagone a prévenu à l’avance, non seulement les Russes évidemment, mais aussi l’armée syrienne, ce qui a permis à cette dernière d’évacuer d’importants équipements militaires. Selon le porte-parole du Pentagone :

<< Les forces russes ont été prévenues à l’avance de la frappe. Les planificateurs militaires ont pris la précaution de minimiser les pertes du personnel russe et syrien présent sur la base. >>

Destruction de vieux avions en réparation dans des hangars tandis que ceux utilisés dans le conflit et la piste d’atterrissage sont restés intacts, armée syrienne avertie pour qu’elle ait le temps de déménager ses équipements… A-t-on donc assisté à une mascarade, une sorte de false flag bis pour répondre au false flag chimique ? Ces éléments donnent à le penser.

Pour le Donald cette frappe a été une soupape permettant de relâcher la pression du Deep State. Sa cote de popularité est remontée d’un coup, la MSN qui l’avait si souvent insulté est à ses pieds, les néo-cons ne trouvent plus rien à redire. Nous nous demandions hier : << Joue-t-il un périlleux coup de poker pour se distinguer publiquement des Russes au moment où il marque des points contre la clique néo-con autour d’Obama ? >> Peut-être bien. Sauf que…

Donald Cretinho Trump

D’autres signaux préoccupants contredisent cette hypothèse d’une entente russo-américaine sur le dos du War Party US. La rhétorique néo-con(ne) de l’entourage du Donald est de plus en plus affirmée y compris, fait assez surprenant, chez le réputé russophile Tillerson qui semble ne plus pouvoir se passer de son fix quotidien Assad doit partir, alors qu’il disait le contraire la semaine dernière.

Enième retournement de veste de cette administration qui devient, il faut le dire, de plus en plus clownesque, erdoganienne en quelque sorte, ou changement de fond ? En faveur de la seconde hypothèse, la réorganisation de la direction états-unienne : après Bannon, c’est maintenant Priebus qui est sur la sellette, au profit de l’improbable clique d’Ivanka. Les commentaires de certains des premiers soutiens de Trump (ici ou sur Breitbart ou Zero Hedge sont très intéressants : pour eux, c’est fini, le Donald s’est hillarisé, il a été drainé par le marais.

Cretinho a-t-il remplacé Donaldinho ? L’ambiance est généralement au pessimisme mais, pour notre part, nous préférons encore rester prudent…

Réactions internationales : les masques tombent

Qu’en est-il des réactions internationales ? Tous les yeux sont évidemment tournés vers Moscou et la réaction russe est difficilement déchiffrable : elle peut aller tant dans le sens d’une entente préalable américano-russe que d’une réelle rupture.

Le Kremlin, Lavrov et la Douma ont fermement condamné << l’agression américaine >>, la comparant à l’invasion de l’Irak en 2003. La belle Maria va même jusqu’à dire que ces frappes étaient planifiées bien avant le false flag chimique.

Des premières mesures concrètes ont déjà été décidées : suspension de l’accord américano-russe sur la prévention des incidents dans le ciel syrien (ce qui semble troubler le Pentagone qui souhaiterait continuer le dialogue), envoi d’un navire Kalibré supplémentaire, mise en mode combat de tous les S400 (ce qui indique que tous ne l’étaient pas) et convocation d’une réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité de l’ONU, au cours de laquelle le représentant bolivien s’est d’ailleurs lâché en imprécations contre Washington.

Simples gesticulations pour donner le change dans le cadre d’une entente secrète entre le Kremlin et la Maison Blanche ? Ce n’est pas l’impression qu’on en retire, mais bien malin qui pourrait dire ce qui se trame vraiment dans ce théâtre d’ombres…

Sans surprise, pétromonarchies et Turquie ont sauté de joie, Erdogan demandant d’ailleurs plus, beaucoup plus. Les masques tombent enfin : selon toute logique, la rupture avec Moscou ne devrait pas tarder. Les euronouilles ont l’air soulagés mais, curieusement, font montre d’une prudence inhabituelle. Al Qaida, Daech et autres barbus sont ravis de l’intervention américaine ; calculée ou pas, la réaction de Cretinho au false flag chimique est la porte ouverte à d’autres événements de ce genre.

De l’autre côté, outre la Russie et Damas, l’Iran a bien sûr fermement condamné. Ainsi que la Chine en des termes diplomatiques et, fait curieux, l’Indonésie. Bagdad et Le Caire sont restés muets, ce qui, au vu de leur dépendance actuelle vis-à-vis des États-Unis, semble une désapprobation tacite.

=> Source : Le Grand jeu

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