VIVE LA BANQUEROUTE !

Le capitalisme, dont l’avatar le plus imbécile, le « capitalisme financier », est en train de péter dans les doigts de ceux qui l’ont promu, c’était quoi ? Ou plutôt, c’était devenu quoi ? La production effrénée d’un dégueulis de biens et services, dont une bonne partie totalement inutiles et nuisibles, censés engraisser les producteurs en chef. Un système sournois où une bande de privilégiés utilisaient les outils de production pour s’en mettre plein les fouilles et jouer avec à Wall Street ou ailleurs. Bref, la définition même de l’activité mafieuse et du gangstérisme organisé. Si vous voulez dissoudre la bande des malfaisants, pas d’autres solutions que de les attaquer là où ça fait mal : le porte-monnaie. Il faut organiser, favoriser, souhaiter activement, ardemment la banqueroute TOTALE de ce système détestable.

Oui, oui, j’en vois qui vont brandir, éplorés, l’argument du petit épargnant en péril. Celui et celle qui ont accumulé des petites économies « à la sueur de leur front » tout au long de leur vie. Tout à fait d’accord pour compatir, mais à condition de considérer un ensemble et non une partie. À côté de ces « petits épargnants » (contre lesquels, je le répète, je n’ai rien, sinon peut-être la couleur de certains de leurs bulletins de vote), combien d’autres affichent des comptes bancaires à découvert ? Combien de travailleurs pauvres, de précaires en détresse ?

Tiens aujourd’hui c’est justement la « Journée internationale de lutte contre la pauvreté ». Ou « du refus de la misère », c’est selon. En France, en 2006, 7,13 millions de personnes vivaient en-dessous du seuil de pauvreté (source : Insee). 12,3 % de la population ! Et tous les rapports officiels, tous les cris d’alerte des associations caritatives comme le Secours populaire, montrent que le nombre des miséreux va en s’accroissant de façon exponentielle. Permettez-vous que l’on établisse des priorités dans l’ordre de nos compassions ?

Mais, dira-t-on encore, ce sont les plus défavorisés qui paieront une nouvelle fois les pots cassés. Les défavorisés paient TOUJOURS les pots, même quand ils ne sont pas cassés. Pendant les grandes périodes de croissance financière des dix dernières années, quand ils multiplièrent les « restructurations » et les délocalisations, croyez-vous que les gredins du CAC 40 et d’ailleurs se préoccupèrent le moins du monde de ceux qu’ils précarisaient et expédiaient même carrément au chômage ? Le problème avec les pauvres, et finalement leur avantage à eux en cas de crise, c’est qu’ils ne peuvent pas payer ou perdre grand chose de plus que ce qu’ils n’ont pas. Pots cassés ou pas cassés.

Et c’est bien le problème de nos voyous. Quand ils inventent sur le pouce des milliards et des milliards pour sauver leur système financier à l’agonie, ce n’est pas pour faire payer les pauvres qui n’y ont plus un fifrelin, ni même pour garantir les petites économies des petits épargnants dont ils se foutent éperdument, mais POUR SAUVER LEUR MAGOT À EUX ! C’est-à-dire en fait LEUR POUVOIR ! Parce que tout leur magot, et tout leur pouvoir, est précisément planqué dans la filière financière. Que celle-ci se ramasse la gueule et ces rats n’ont plus rien ! Ne sont plus rien !

Enfin si, il leur reste deux trois babioles bien dégueu : leurs armes, leurs armées, leurs basses polices. Et la naïveté des veaux, les petites lâchetés des lâches. C’est toujours comme ça dans ces périodes de calamités (pour eux). Ils usent et abusent de leurs dernières armes, de la crédulité ostentatoire de leurs couillons. Mais alors, pleureront les assis, pourquoi bouger nos popotins si bien calés dans nos fauteuils, même déglingués ? Si rien ne sert à rien et ne peut s’arranger ! On sait toujours la fiente qu’on perd, on ne sait pas la merde qu’on va trouver !

Exactement ce que pensèrent ceux qui en leur temps crurent bon de s’abriter derrière des ganaches comme Pétain. Mieux vaut s’allier au diable que de l’affronter, voilà ce qu’on leur chantait. Et que les Juifs aillent se faire brûler ailleurs ! Et que les sans-papiers, les gueux des terres arides, retournent à leur misère et se noient sur leurs saloperies de radeaux du désespoir. Permettez-vous que certains essaient de garder une once de dignité ? Car si on peut faire confiance à ces salauds, même déconfits, pour nous empoisonner le futur, il est encore plus sûr qu’au présent rien ne sera possible tant quils n’auront pas mordu la poussière.

Permettez-vous qu’on ajoute, à la quête de dignité, celle du panache et de la chance à courir. Il y a quelques lustres, d’aucuns crurent bon de crier « Vive la crise ! ». Eh bien, au jour d’aujourd’hui, ayant soigneusement pesé tous les risques encourus, mais toute honte refusée, emboitons-leur le pas avec détermination. Attendons impatiemment, et aidons autant que faire se peut, la culbute retentissante de ces gangsters. Elle est en cours. VIVE LA BANQUEROUTE !

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.