MESSAGE AU BON PEUPLE

Alors, mon p’tit peuple, ça va ? On ne t’entend plus beaucoup, ces derniers temps. D’accord, la tempête qui sévit dehors fait un sacré raffut dans les mâtures et les haubans. Mais enfin tu ne t’imagines pas que tu vas rester comme ça, à l’abri indéfiniment sous ce pauvre auvent de boutiquier, engoncé dans ton misérable blouson même pas imperméable, le parapluie en quenouille, avec ton air de chien battu, ton air contrit et ton nez qui coule ? Parce qu’avec le méchant zef’ qui souffle en rafales et les torrents de boue qui débordent des caniveaux et déboulent sur les trottoirs, tu vas être saucé, emporté en un moins de temps, mon vieux, c’est moi qui te le dis. La tornade n’est pas prête de s’arrêter.

Me dis pas que tu avales encore les prévisions tordues de ces météorologues de mes deux. Qui nous rabâchent de plus en plus fort, de plus en plus hystériquement, de ne pas paniquer ! La Christine L’hagarde, ministre des intempéries économiques, c’est un bêtisier congénital à elle toute seule, cette bonne femme ! Pas une de ses innombrables interventions qui ne soient une grosse connerie. Sa dernière en date : la France n’est pas en récession, elle est  »« en croissance négative » » ! Ho ho ho ! Et le Foutriquet à ressort, avec son chapeau à lapin râpé, tu le sais bien que c’est un ringard question prestidigitation (même si tu as un peu voté pour lui, au dernières élections, hein mon nigaud ?). Quoi, comment, le numéro du branleur dure jusqu’en 2012 ??? À ce moment-là, mon vieux, sous ton pauvre auvent avec ton pauvre blouson et ton parapluie déglingué, tu seras complètement torché, lessivé, rincé à l’os… Tu le sais bien que ça ne va pas tenir jusque là, n’est-ce pas ? Même les rats du navire sont contraints de l’admettre :  »« le monde est au bord du gouffre » » (François Fillon, premier ministre français, 2 octobre 2008). Quelques mois et je te fiche mon billet que leur rafiot aura rendu l’âme. Tu sais aussi que ce n’est plus les urnes qui vont faire tourner le vent. Rappelle-toi, en 36, ce n’est pas aux élus du Front Populaire que tu dois les bouleversements sociaux sur lesquels toi et tes mômes, vous avez pu vous reposer. Mais parce que toi et tes potes, vous avez carrément occupé les usines et la rue. Et pourtant, en ce temps-là aussi, c’était la crise. Eh oui, mon petit peuple, je crains fort que cette fois tu sois rapidement obligé de bouger à nouveau ton cul si tu ne veux pas finir emporté par les typhons mauvais. Avec ou sans mots d’ordre des responsables syndicaux ou politiques, va falloir à nouveau te retrousser les manches. Parce que ça va devenir drôlement physique, notre histoire. Si tu n’occupes pas presto tes usines, tes sièges sociaux, eux vont s’occuper de toi. Si tu ne t’empares pas rapido de la rue, tu vas de toute façon t’y retrouver. Et puis dis-moi le moyen de virer le ramassis de scélérats et de faux-culs qui nous ont déclenché cet ouragan ? Attendre 2012 ? Ho ho ho ! Oui je sais, ça fait un peu peur, je comprends. Mais on a pas le choix. Je ne te parle ni de « révolution » fumeuse, ni de « grand soir » enfin arrivé, mais de réflexe de survie. Bon, enfin tu fais comme tu veux. On est au pied du mur, toi et moi. Seulement si on tarde trop à ruer dans les brancards, je ne donne pas cher de notre peau.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.