
4. Le mur du langage
Nous avons dit déjà que nous n’étions que les autres. L’individu ne peut plus maintenant et depuis déjà longtemps assurer sa survie seul. Il a besoin des autres pour vivre. Il ne sait pas tout faire. Il n’est pas poly-technicien.
Dès son plus jeune âge, la survie du groupe est liée à l’apprentissage chez le petit de l’homme de ce qui est nécessaire pour vivre heureux en société. On lui apprend à ne pas faire caca dans sa culotte, à faire pipi dans son pot.
Et puis très rapidement, on lui apprend aussi comme il doit se comporter pour que la cohésion du groupe puisse exister. On lui apprend ce qui est beau, ce qui est mal, ce qui est laid. On lui dit ce qu’il doit faire.
Et on le punit ou on le récompense suivant que son action est conforme à la survie du groupe.
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Le fonctionnement de notre système nerveux commence à peine à être compris. Il y a une vingtaine ou une trentaine d’années [note du Yéti : soixante-dix ans aujourd’hui] que nous sommes capables de comprendre comment, à partir des molécules chimiques qui le constituent, qui en forment la base, s’établissent les voies nerveuses qui vont être codées, imprégnées par l’apprentissage culturel.
Et tout cela dans un mécanisme inconscient. C’est-à-dire que nos pulsions et nos automatismes culturels seront masqués par un discours logique :
« Mourir pour son pays est un si digne sort
Qu’on briguerait en foule une si digne mort. »
Le langage ne contribue ainsi qu’à cacher la cause des dominances sociales, les mécanismes d’établissement de ces dominances. Et à faire croire à l’individu qu’en œuvrant pour l’ensemble du social, il réalise son propre plaisir.
Alors qu’il ne fait en général que maintenir des situations hiérarchiques qui se cachent sous des alibis langagiers, des alibis fournis par le langage, qui lui servent en quelque sorte d’excuse.
« Bon, pour une place de premier, quinze francs ; second, dix francs ; troisième, cinq francs ; et à partir de quatrième, mon pied au derrière ! »
Vivre malgré tout