Feuilleton de l’été – Vivre malgré tout 2/6

2. Les autres

J’ai parlé de la mémoire. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’au début de l’existence, le cerveau est encore, nous disons, immature. Donc, dans les deux ou trois premières années de la vie d’un homme, l’expérience qu’il aura du milieu qui l’entoure sera indélébile et constituera quelque chose de considérable pour l’évolution de son comportement dans toute son existence.

Et finalement, nous devons nous rendre compte que ce qui pénètre dans notre système nerveux depuis la naissance, et peut-être avant, in utero, les stimulus qui vont pénétrer dans notre système nerveux, nous viennent essentiellement des autres.

Nous ne sommes que les autres

Un enfant sauvage abandonné loin des autres, ne deviendra jamais un homme. Il ne saura jamais ni marcher, ni parler. Il se conduira comme un petit animal.

Grâce au langage, les hommes ont pu transmettre de génération en génération toute l’expérience qui s’est faite au cours des millénaires du monde.

Quand nous mourrons, c’est les autres que nous avons intériorisés dans notre système nerveux, les autres qui nous ont construits, qui ont construit notre cerveau, qui l’ont rempli, ce sont les autres qui vont mourir.


Résumons-nous – oui oui, c’est bien moi le Yéti qui reprends un instant la parole pour remettre sur les rails vos esprits engourdis par les feux de l’été –, notre petit homme a maintenant grandi. Nous avons donc là bien en évidence :


  • Nos trois cerveaux superposés [rappel : le cerveau reptilien pour la survie immédiate, le cerveau de l’affectivité pour la mémoire, le cortex cérébral pour créer] associant les traces des expériences passées .
  • Les deux premiers fonctionnent de façon inconsciente. Nous ne savons pas ce qu’ils nous font faire. Pulsions, automatismes culturels…
  • Le troisième fournit un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi au fonctionnement inconscient des deux premiers.

L’inconscient est une mer profonde dont le conscient n’est que l’écume

Je crois qu’il faut se représenter l’inconscient comme une mer profonde. Et ce que nous appelons le conscient comme l’écume qui naît, disparaît, renaît à la crête des vagues. C’est la partie très très superficielle de cet océan qui est écorché par le vent.

Et puis, nous avons aussi nos quatre types principaux de comportements :

  • le comportement de consommation qui assouvit les besoins fondamentaux ;
  • le second qui est un comportement de gratification. Quand on a l’expérience d’une action qui aboutit au plaisir, on essaie de la renouveler ;
  • le troisième, un comportement qui répond à la punition. Soit par la fuite qui l’évite. Soit par la lutte qui détruit le sujet de l’agression ;
  • et le dernier qui est le comportement de l’inhibition. On ne bouge plus. On attend en tension. Et on débouche sur l’angoisse. L’angoisse, c’est l’impossibilité de dominer une situation.

Vivre malgré tout

  1. Les trois cerveaux
  2. Les autres
  3. Punition
  4. Le mur du langage
  5. Inhibition de l’action
  6. L’inconscience

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.