CINQ RAISONS D’EXÉCRER L’UNION EUROPÉENNE

Depuis la branlée irlandaise, les tenants du « oui » européen ne tarissent pas d’aigreur contre ceux qui ont cru bon de tirer un bras d’honneur à la bouillie « constitutionnelle » qu’on prétendait leur imposer. Les arguments les plus vicieux contre les salauds de « nonistes » défilent en chapelet : ingratitude, égoïsme, trouille, archaïsme réac, refus de la « modernité »… J’en passe et des plus minables. Contentons-nous d’opposer à ce délire cinq raisons simples qui devraient conduire tout être humain dignement constitué à botter le cul de leur détestable édifice.

1/ __L’Europe actuelle ne respecte en rien ses principes fondateurs.__ Selon ses initiateurs (Robert Schumann, Jean Monnet) l’Union européenne devait viser à favoriser  » »la fusion des marchés et l’expansion de la production » » afin d’assurer prospérité et bien-être à ses citoyens, tout en en faisant également bénéficier les pays moins favorisés comme  » »le continent africain » ». L’Union européenne devait, toujours selon ses inspirateurs, s’opposer aux  » »pratiques restrictives et  »(au) » maintien de profits élevés » » pratiqués par  » »un cartel international » ». C’est d’évidence à la situation inverse que nous sommes parvenus aujourd’hui : la mainmise du cartel international néo-libéral sur les institutions européennes et la sanctification des profits privés de quelques-uns aux dépens de tous les autres. 2/ __L’Europe actuelle est une machine économique de tendance ultra-libérale, excluant toute autre considération sociale, de justice et d’égalité.__ Monstre froid, elle préconise une politique opposée à tout interventionnisme politique pour réguler les dérives des marchés. Elle se montre totalement réfractaire à toute idée de services publics. Dans l’Europe actuelle, les droits de l’homme les plus élémentaires, la liberté, l’égalité et la fraternité sont soumis aux caprices des marchés. 3/ __L’exécutif européen échappe complètement au contrôle des citoyens.__ La seule institution élue (le Parlement européen) dispose de pouvoirs très limités, quasi consultatifs. La Commission européenne, point d’ancrage de l’exécutif, n’est pas tenue de suivre les avis votés par les députés élus. Et ne s’en prive d’ailleurs pas. 4/ __L’Europe actuelle garantit la libre circulation des capitaux, mais entrave celle des déplacements humains.__ La récente directive européenne restrictive contre l’immigration en est un cruel exemple. Ces entraves à la liberté de circulation des individus s’étendent aussi à l’intérieur du nouvel empire européen. En témoignent les nombreuses expulsions de roms du territoire national français. Loin d’être l’ouverture sur le monde qu’elle se proposait de devenir, l’Europe actuelle, repliée sur elle-même, est un rejet affolé et méprisant de l’autre, qu’il vienne de l’extérieur ou de l’intérieur. Elle ne s’ouvre pas en multipliant les adhésions de nouveaux pays. Elle les annexe à une ligne monolithique qui en étouffe les singularités. 5/ __Le projet de « constitution » européenne fige durablement les travers cités ci-dessus et consacre exclusivement l’orientation néo-libérale du système, à l’exclusion de tout autre possibilité d’organisation politique, économique et sociale.__ Une véritable constitution dessine les lignes générales d’un cadre. Les pensums embrouille-couillon qu’on tente de nous faire avaler de gré ou de force dressent un carcan, un acte d’appropriation déguisé et durable de l’idée européenne par un cartel de malfaisants sans scrupules. Là encore, l’avis des populations concernées est soit ignoré, soit rejeté quand il ne correspond pas à ce que l’exécutif en place en attend. Ce qui en discrédite définitivement la prétention démocratique.

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