UN RAPPORT DOUTEUX

Je voudrais revenir sur [le rapport|http://kinoks.org/spip.php?article288] d’un certain F. William Engdhal, qui circule actuellement sur tout le web, et tendrait à démontrer que la crise pétrolière actuelle relève d’une pure et simple spéculation capitaliste. D’un complot ourdi par les puissants, d’une machine infernale qui désarme d’avance tous nos espoirs de chute d’un système honni. La lecture de cette analyse laisse pourtant dubitatif sur bien des points. Examinons ceux-là en détail.

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conso pétrole

/// Qu’il reste des réserves de pétrole, c’est une évidence, mais de quelle importance ? F. William Engdahl se contente d’affirmations du genre :  » »Il existe plusieurs nouveaux gisements pétrolifères gigantesques qui doivent commencer à produire au cours de 2008 pour augmenter l’offre. » » Mais lesquelles ? Les pistes suggérées par F. William Engdahl pour étayer sa thèse restent bien hypothétiques. Au point qu’il préfère employer le conditionnel : » » Les estimations ont récemment confirmé qu’elles __pouvaient__ être aussi grandes … » » ou encore  » » __pourrait__ contenir jusqu’à … » »$$On notera que le titre anglais d’un des derniers articles de F. William Engdhal restait lui-même très prudent :  » »__Perhaps__ 60% of today’s oil price is pure speculation » » (« 60 % du prix actuel du pétrole relève __peut-être__ de la spéculation »). Peut-être…$$ La liste des gisements inexploités donnée par F. William Engdhal laisse d’autant plus dubitative qu’aucune entreprise de forage n’y est sérieusement commencée, ni même encore vraiment planifiée. Au contraire, un des pays prétendûment les plus richement dotés en promesses de gisements, le Brésil, a préféré se lancer à corps perdu dans l’exploitation de la filière des agrocarbrurants, plutôt de se ruer sur l’or noir. Pire, F. William Engdhal va jusqu’à affirmer :  » » Les rumeurs » (notez la précaution que sous-tend l’emploi du terme « rumeurs ») » disent que les grandes compagnies pétrolières délaissent délibérément les immenses nouvelles réserves en Alaska, de crainte que l’offre excédentaire ne fasse plonger le prix de ces dernières années. » » Quand on sait à quel point le souci de la rentabilité maximum à court terme anime le système capitaliste, on reste bouche bée devant de telles allégations. Qui ont même un vague air de manipulation. Si l’on peut comprendre à la rigueur que les spéculateurs financiers jouent ce jeu, il est plus difficile d’avaler que les grandes compagnies pétrolières ne se soient pas encore jetées sur ces gisements juteux. Enfin, à supposer que ces réserves pétrolières promises existent vraiment, cela nous ramènerait au désastre écologique créé par la sur-exploitation de cette matière première hautement polluante. Et ne changerait rien à la nature du dilemme qui se pose au système capitaliste : comment renouveler les sources d’énergie,%%% 1/ quand tout le système actuel est archi-dépendant du seul pétrole ;%%% 2/ quand la nécessité de rentabilité __croissante__ à court terme annihile toute possibilité de pause, de recherche et de réflexion indispensable pour assurer une transition efficace et surtout, non meurtrière ? ///html

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