UN ESSOUFLEMENT QUI NE MANQUE PAS D’AIR

((/images/manif2.jpg|manif|L))Ce matin sur France Inter, ô surprise, on nous annonce en catimini que trente-cinq universités (sur quatre-vingt) sont encore plus ou moins  » »bloquées ou très perturbées » ». Mais dites-donc, je croyais qu’il s’essoufflait, ce mouvement ! Tellement à court d’oxygène, nous laissait-on entendre, que plus aucun des médias bien en cours n’en pipait mot. Sauf ce matin. J’en reste bouche bée.

La semaine dernière déjà, mon attention avait été attirée par un groupe de faculteux défilant en braillant dans les rues de la grande ville provinciale proche de ma tanière. Les slogans, les pancartes m’avaient un peu interpelé. Pas du tout le style habituel.  » »Merde au fric… Non aux entreprises… À bas le monde des flics et du fric… » » Sûr que ça changeait des revendications genre  » »du boulot et des sous » »,  » »des 4×4 pour tout le monde » » ou encore  » »non à la misère du monde chez nous… » » Petit à petit les choses et les esprits évoluent. Ce soir, je tombe sur un [article|http://www.liberation.fr/actualite/societe/297803.FR.php] de Libération à propos de la grève à l’université de Paris 8. Toujours la surprise :  » »L’utopie fait partie de la mémoire de cette fac. » » Là franchement, ça tourne à l’inédit total. Le quarantième anniversaire de Mai 68, c’est quand même seulement dans cinq mois. Mais non, à Paris 8, les potaches ont dressé un  » »mur d’expression libre » » avec les tables. Et quelles expressions !  » »Résister, c’est créer… Prendre un tract, c’est bien. Résister, c’est mieux… Nous réclamons notre droit à rater notre existence, compte tenu du modèle de réussite contemporain… » » Des profs côtoient les grévistes et ont monté des  » »cours alternatifs » » au motif que  » »la grève, ce n’est pas la cessation totale d’activité » » et pour que  » »la fac soit un lieu de rencontre, de réflexion sur la société, pas seulement un endroit où accumuler quelques connaissances. » » Bon, ne nous emballons pas. Tout ça demande encore confirmation et vérification. (Pas trop compter sur les courtisans du cénacle médiatique pour nous éclairer.) Mais je sais que le vieux sang des chenu(e)s qui passent ici ne peut s’empêcher de s’échauffer. Si ces jeunots pouvaient enfin abandonner la triste ambition d’être aussi veaux que leurs parents ! De toute façon, ils auraient tort de se gêner puisque, c’est un fait acquis de tous sauf des idiots, ils n’ont strictement RIEN à attendre ou à espérer du monde qu’on leur propose. Sinon celui de sombrer avec lui. Allez les jeunes, merde, bougez-vous ! Nos vieux jarrets nous démangent. Il est plus que grand temps. (Minuit vingt-cinq. Je suis là sur mon écran… je googlelise comme un gamin à tout va, pour voir si jamais, dans d’autres universités…)

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.