Le « président de la république » est intervenu ce jeudi soir à la télévision. Une nouvelle fois. Il fallait qu’il s’explique. Il fallait qu’on le comprenne. Il a une mission, vous comprenez. Les Français la lui ont confié. » »J’ai été élu pour cela, je fais le travail » »… je… Air erratique, regard fuyant. Même ses deux interrogateurs ne semblaient pas y croire. Voix blanches monocordes et ton presque compatissant.
Ce devait être une épreuve terrible. Ce type n’avait rien à dire. Encore moins à offrir. C’en était pathétique. Il suffit de relire les titres des dépêches AFP sorties au fur et à mesure de l’entretien télévisé : » »xxx propose une conférence sociale à la mi-décembre. » »%%% » »xxx veut élargir les possibilités de travailler le dimanche. » »%%% » »xxx propose le paiement des journées de RTT. » »%%% » »xxx demande que les loyers soient indexés sur l’indice des prix. » »%%% » »L’État va vendre 3% d’EDF pour investir dans les universités (xxx). » » Rien. Du vent. Une logorrhée sans queue ni tête, des formules à l’emporte-pièce, des promesses sauve-qui-peut, des slogans ânonnés d’une voix mécanique tel un automate au ressort cassé. » »Nous les retrouverons un par un, et pour eux ce sera la cour d’assises » »… » »Nous allons mettre un milliard de plus, chaque année pendant cinq ans, pour les universités » »… » »Je ne veux pas laisser la pêche à la dérive » »… » »Travailler plus pour gagner plus » »… » »Qu’est-ce qu’on attend de moi, que je reste enfermé dans ce palais ? » »… » »Vous comprenez, les Français attendent que le chef » »… Dehors, des grèves, des manifestations à n’en plus finir, un pouvoir d’achat et un moral des ménages en chute libre, des fusils dans les banlieues, des ricanements à l’étranger. Le chef… vous comprenez… Après l’émission, je me suis passé un western crépusculaire d’Anthony Mann, »Man of the West », avec Gary Cooper rattrapé par son destin. Un chef de bande devenu fou (Lee J. Cobb) prépare avec minutie l’attaque d’une banque dans une bourgade du grand Ouest. Mais lorsque les bandits débarquent sur les lieux de leur forfait, ils découvrent une ville fantôme, battue par le vent, et les ruines désolées d’une banque au coffre éventrée. Un monde englouti. Rien.