CUL-DE SAC

((/images/cul-de-sac.jpg|cul-de-sac|L)) Les grévistes de la SNCF ou de la RATP n’ont hélas strictement rien à attendre des négociations en cours. Depuis quelques années, les syndicats actuels, de la CFDT à la CGT en passant par FO ou la CFTC, ne se préoccupent plus guère que d’obtenir quelques pilules placébos pour apaiser les plus vives brûlures des salariés. Renonçant à enrayer le déclin, ils se contentent de l’accompagner. Il en sera une fois de plus ainsi. Car le pouvoir, n’accordera rien, ne peut rien accorder sans mettre en péril ceux qui le soutiennent : les « grands frères » de l’ordre néo-libéral.

Le seul souci du pouvoir est précisément de garder le pouvoir et d’aider le système libéral à engranger des profits. Pour tenter de sauver ce qui reste d’apparences démocratiques, le pouvoir dispose de trois axes : celui de la croissance, celui de l’emploi, celui du pouvoir d’achat. Il est en train de perdre sur les trois tableaux. Dans les pays occidentaux, la croissance est durablement aux abonnés absents. Les secteurs les plus financièrement rentables ont été délocalisées dans des pays en voie de développement (qui en profitent naturellement, mais à quel prix écologique !) Les énormes profits réalisés par nos entreprises mondialisées n’ont strictement aucun sens ni aucune utilité dans la mesure où ils ne sont jamais réinvestis dans le circuit économique, mais accumulés dans de stériles bulles financières. Les seuls endroits où des créations d’emplois seraient nécessaires se trouvent dans des secteurs jugés évidemment non rentables par les « marchés » (la santé, l’éducation, la justice…). Le pouvoir d’achat ? Dans la logique libérale, il dépend de la croissance et de l’emploi. Autant dire que le diable se mord la queue. Le démantèlement précipité des services publics ne procède pas d’un acte politique réfléchi ou d’une philosophie. Mais d’une volonté de liquidation pour alimenter une machine capitaliste devenue folle. Et aux abois (crise de l’énergie, crises immobilières et boursières, menace écologique, menace terroriste…) Pas question pour nos gouvernants de s’attaquer à ces bulles financières sans lesquelles ils ne sont rien. Ne leur reste qu’une terrifiante solution : tiers-mondiser leur propre population. Devant ces sombres perspectives, cette dernière est acculée dans un cul-de-sac. Aucun échappatoire syndicale possible, comme il est dit plus haut. Les négociations qui commencent aujourd’hui n’aboutiront à RIEN, ne peuvent aboutir à RIEN. Aucun relais politique non plus à attendre, à droite comme à gauche. Les derniers évènements montrent que deux camps s’opposent désormais ouvertement, de plus en plus inconciliables. Révolte ou soumission ? Nous sommes happés dans une spirale de l’affrontement qui pourrait bien éclater plutôt que prévu. Tout est mûr pour l’explosion, comme celle qui frappa en 2005 nos banlieues sinistrées. Sombres perspectives. (Post-scriptum : au moment où j’achève ces lignes, j’apprends que d’importantes actions concertées de sabotage ont eu lieu aux quatre coins de la France la nuit dernière sur des lignes de TGV…)

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.