((/images/usager2.jpg|usager|L))Quand les défenseurs d’un ordre établi sont aux abois devant l’annonce d’un grand mouvement de protestation sociale, ils nous ressortent immanquablement leur ultime pétard mouillé : l’ « usager en colère ». Je rigole !
Depuis quelques jours, depuis l’annonce de ces grèves reconductibles massives, c’est incroyable ce qu’on peut nous inonder de la longue plainte amère de l’ « usager en colère ». Le voici otage des troubles syndicaux, meurtri par une conjoncture hostile, menacé par une destruction méchante de quelques jours de RTT, affolé par la mise en péril de ses primes d’assiduité au boulot. Quoi ? Comment ? On me souffle que l’ « usager en colère » ne roule pas sur l’or, qu’il a du mal à joindre les deux bouts, qu’il est pressuré comme un citron par la grande broyeuse capitaliste ? Ce ne sont pas des arguments, ça, ce sont des pièces à charge ! Un type dans la mouise qui s’en prend à ceux de sa caste qui se défendent bec et ongle alors qu’il ne pipe mot, ou même opine devant les exactions de ceux qui l’exploitent, a ce qu’il mérite. L’ « usager en colère » soutient mordicus et systématiquement le pouvoir en place. Une immense majorité de ces « usagers en colère » a voté Sarkozy ou assimilé aux dernières élections présidentielles. Qu’ils en assument les conséquences et arrêtent de pleurnicher ! Notre colérique geignard ne nous parle QUE de lui, de son petit emploi du temps perturbé, des inconvénients qui vont lui faire rater les infos de 20 heures à la télé, des godasses qu’il va user à marcher, des quelques sous qu’il va perdre dans la tourmente sociale. S’il en perd, c’est qu’il en gagne. Vous connaissez beaucoup de rmistes qui soient en colère un jour de grève ? L’ « usager en colère », n’a en réalité aucune importance. Il suit le vent servilement en se protégeant derrière les puissants du moment. Au pire, quand ce vent tourne, il tond sa femme. Il chante « Allez les bleus » quand les flics matraquent des étudiants en grève. Si on avait dû prendre en compte l’avis de l’ « usager en colère », il n’y aurait eu ni Révolution française, ni Front populaire, ni Mai 68, ni rien, pas de congés payés, pas de semaine des quarante ou des trente cinq heures… Rien ! L’ « usager en colère » nous les brise menues. —- ///html
Note : photo prise pendant la manifestation anti-grève du 18/11/07 (auteur : Philippe Leroyer).
///