COPIE CONFORME

((/images/vrais francais.jpg|Vrais Français|L))Tout rapprochement de la situation socio-politique actuelle avec celle des années 30/40 déclenchent aussitôt les hauts cris à l’exagération, une salve de sarcasmes agacés et de rejets de mains dédaigneux. Un examen comparatif des deux périodes montre pourtant des similarités troublantes et une étrange concordance de certains faits ou déclarations.

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///  » »Terriblement marquée par la Première Guerre mondiale, la France vit une période de difficile rétablissement, suivie d’une croissance forte de son économie. » » Voici, brossée à la perfection par un récent manuel scolaire d’histoire, un résumé presque décalqué de ce que furent la fin de la IVe République et nos Trente Glorieuses post Seconde Guerre mondiale.  » »Mais » (continue notre manuel) », à partir de 1931, l’économie française entre en récession. (…) Le nombre des chômeurs augmente considérablement. (…) Cette situation accentue la pauvreté et nourrit le désarroi de la société française. » » Faut-il vous faire un dessin ?  » »Les gouvernements, qui ne parviennent pas à lutter efficacement contre la crise, connaissent une impopularité grandissante. (…) Les scandales financiers auxquels sont mêlés des députés (…) mécontentent la population et discréditent le régime. » » Attendez, ce n’est pas tout !  » »Cet anti-parlementarisme est entretenu par les ligues d’extrême droite xénophobes  » (Le FN ?)  » qui accusent les Juifs et les étrangers d’être responsables de la crise. » » No comment. Passé le court, mais essentiel intermède du Front Populaire de 1936, le naturel revient au galop. Un certain Daladier, nouveau chef du gouvernement en 1938, ex-radical de gauche s’acoquinant sans vergogne avec la droite (Kouchner, Strauss-Kahn, Max Gallo, ne toussez pas ! ) y va de sa profession de foi :  » »Il faut aménager la loi des quarante  »(trente-cinq ?) » heures en vertu des nécessités nationales. (…) Tant que la situation internationale demeurera aussi délicate, il faut que l’on puisse travailler plus. Il faut que, sans formalités inutiles ni discussions interminables, toute entreprise qui en a besoin, puisse disposer non plus de 40  »(35 ?) » heures de travail par semaine, mais des heures nécessaires à son activité. » » Mais rien n’y fait, la crise perdure, les positions se crispent, en France ou ailleurs.  » »Si ce pays ne peut nourrir toute la population, les non-citoyens devront être expulsés du Reich » » – (septième des 25 points du parti nationaliste-socialiste allemand exposés par Hitler). D’aucuns envisagent sans problème de « mondialiser » les relations internationales, et même, avouons-le crûment, de faire main basse sur les matières premières qui manquent :  » »La solution définitive réside en un élargissement de l’espace vital, source de matières premières et de la subsistance de notre peuple. Il est du devoir de la direction politique de résoudre ce problème. (…) Je fixe donc les tâches suivantes : (…) l’économie allemande doit être capable de supporter une guerre » » – (Hitler, 1936). Les esprits s’échauffent, s’égarent. En 1942, le gouvernement de Vichy traduit Léon Blum en justice, accusé d’avoir encouragé  » »l’esprit de jouissance » » ( » »il faut en finir avec l’esprit de Mai 68″ » – Nicolas Sarkozy). On se raccroche aux vieilles valeurs :  » »Travail, Famille, Patrie » »,  » »Ein Volk, ein Reich, ein Führer. » » En Allemagne, on commence à séparer le bon grain de l’ivraie en mesurant le crâne des Juifs, des tziganes (tests ADN de l’époque ?) Puis tout s’embrase et bascule… ///html

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/// Stop ! Arrêtons là ce terrible comparatif. Tous les faits, toutes les citations présentés dans ce billet sont extraits d’un manuel d’histoire-géographie pour la classe de troisième des collèges (éditions Hachette 2007). En somme, une réflexion à la portée de n’importe quel gamin ou gamine de 14/15 ans à peine mature. Mais où en est notre réflexion de prétendus adultes responsables aujourd’hui ? Où en est notre capacité de raisonnement et de compréhension ? Où gît notre pouvoir de maîtrise sur notre destin ? J’accorde crédit à ceux qui reprochent la comparaison avec les années 40. Ils ont raison, nous sommes en 38/39 … La seule solution qui nous reste est de demeurer obstinément un de ces  » »transparents » » que louait le poète et grand résistant René Char, un de ces êtres rares ayant éradiqué la ténèbre dans lequel un monde à la dérive voudrait le précipiter. (C’est promis, la prochaine chronique, je vous la fais plus drôle.) —- ///html

Post-scriptum : dans les nombreux commentaires qui ont suivi le billet ci-dessus, ici ou sur d’autres sites, beaucoup ont cru voir l’anticipation d’une catastrophe similaire à celles des sombres années 40. Et une comparaison entre le personnage de N. Sarkozy et celui d’Hitler. Il n’en est rien. Ma petite chronique n’a aucune prétention à la voyance ou à la caricature déplacée. Elle ambitionne seulement de décrire un processus de fin de cycle périlleux. Il y en eut bien d’autres, différents, au cours de notre Histoire, certains tragiques : la Première Guerre mondiale, par exemple ; d’autres moins malheureux : la naissance de la République tchèque de Vaclav Havel sur les ruines du bloc de l’Est, l’avènement d’un Mandela en Afrique du Sud, Mai 68…

Pas plus que vous sans doute, je ne sais ce qui va advenir de nous. Je n’élimine aucune possibilité, ni le pire, ni le meilleur. J’ai seulement cru bon de dessiner la pente excessivement dangereuse sur laquelle nous glissons aujourd’hui. Qui vivra (et se bougera) verra…

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A propos de Pierrick Tillet 3377 Articles
Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.