Plus je réfléchis au monde qu’il nous faudrait reconstruire sur les décombres de la pitoyable forteresse libérale, plus je me dis que c’est d’une simplicité enfantine, une évidence tellement criante que je ne comprends pas par quelle aberration infernale l’espèce humaine a pu s’en être autant éloignée. (Enfin si, je comprends, mais c’est une autre histoire !)
Sur mon territoire passent souvent des voyageurs de tous horizons, campagnes ou mégalopoles, France ou pays étrangers. De tous les milieux, populaires ou plus aisés. Tous semblent harassés par leur voyage. Leurs souliers sont crottés par les chemins incertains qu’ils ont empruntés, leurs vêtements maculés par les marais où ils se sont embourbés, leurs visages crispés, agités de tics, une boule dans la gorge.
Mais regardez ! Sous l’effet d’une douche chaude ou d’un bain moussant, de linge propre, de paroles amicales, de lait brûlant ou de vins doux, les voici qui s’apaisent. Masques et oripeaux sociaux ne tardent pas à tomber. L’espace d’un instant, les gorges se dénouent, les respirations se calment, les visages se détendent. Et ce sont des enfants qui repartent vers leurs horizons. L’espace d’un instant !!!
L’apaisement pépère comme idéologie
Une politique qui ne prendrait pas en compte, l’aspiration profonde des individus à l’apaisement, conduirait vers les mêmes précipices que ceux où nous basculons aujourd’hui.
– Utopie ! Utopie !
– Tais-toi, geai braillard, et lisse tes plumes ! Loin de moi l’idée angélique d’un retour aux sources, d’une fuite vers un bucolisme baba où, en sabots garnis de paille sèche, nous fabriquerions des fromages de brebis !
La politique de l’apaisement à laquelle j’aspire, doit prendre pied là où nous vivons présentement, dans nos villes, dans nos banlieues sinistrées et, oui, même dans les milieux où nous travaillons. C’est une politique laïque, d’un hédonisme tranquille.
La politique que je souhaite revient à la raison d’être de l’économie qui est de produire des biens et des services destinés à satisfaire les besoins de la population, non d’engranger des profits stériles captés par un groupuscule de privilégiés. Elle veille à réguler la juste répartition des richesses et des tâches. Le travail devient non plus une valeur symbolique écrasante sans laquelle l’individu n’est rien, mais un simple outil de production de biens et de services qu’il convient d’organiser dans l’intérêt de tous.
Rupture
Le projet politique (du grec »politikos », ce qui est relatif à la vie de la cité) que je souhaite est un projet radical. Il élimine d’emblée ceux qui au nom d’un prétendu « réalisme » composent avec la mafia libérale encore au pouvoir, quand ils ne finissent pas par en faire partie. Une politique de l’apaisement n’est pas une politique de la compromission. Elle ne pourra être menée qu’une fois éradiqué le totalitarisme libéral. Seuls des candidats, des groupes, des partis résolus à aller en ce sens peuvent avoir mon soutien.
Un dernier mot : une telle politique ne nous isolerait-elle pas du reste du monde ? de l’Europe ? Quel monde, quelle Europe ? Celle des dirigeants ou celles des peuples dont on a vu combien ces deux univers pouvaient différer lorsqu’un référendum permettait à chacun de donner son avis.
— Oui, oui, Yéti écumant, mais crois-tu que les rapaces se laisseront aussi facilement éloigner, et qu’ils ne reviendront pas bientôt à la charge ? Toi-même disait que la nature humaine prédatrice.
— Agiter l’épouvantail du futur est aussi stérile que de ruminer les échecs du passé, dindon glouglouteur. Poursuivons vaillamment notre chemin et essayons de ne plus être ceux de la farce.