Un restaurant dans la jungle de Calais par Loup Blaster.
Veut-on susciter de nouvelles vocations de terroristes ? La préfecture du Pas-de-Calais édite une nouvelle fiche bricolage pour attiser le feu.
Mardi 19 et mercredi 20 juillet. Quelques cent-cinquante policiers de divers pedigrees viennent « consigner » nourritures et boissons dans le quartier des restaurants de la jungle de Calais. Nos courageux robocops, harnachés comme d’hab, sont même équipés d’un canon à eau ! Au moins une douzaine de personnes sont arrêtées. Sûrement des terroristes du couscous et des trafiquants de l’injera (crêpe érythréenne).
Passeurs d’hospitalités écrit : « Il semble que les policiers se soient particulièrement acharnés contre le restaurant pour les enfants du collectif britannique Junglebooks, qui a aussi créé une bibliothèque, une école et une radio dans le bidonville. »
Tu ne penserais pas à pousser à ce point le raffinement dans l’abjection. Ils disent « marchandises confisquées » dans leur immonde langue de bois. En français on dit : affamer les enfants ! En voilà une super bonne idée pour dissuader ceux qui fuient les bombes de… fuir les bombes. Rappelons que La Vie active, l’organisation financée par l’État, fournit deux mille repas par jour. Alors qu’il y a 7 037 réfugiés à Calais selon le dernier recensement des associations. Parmi eux 761 enfants dont 608 sont sans famille. Le Kids Restaurant s’était donné pour tâche de les nourrir.
Depuis plusieurs jours court une rumeur annonçant la destruction imminente de la jungle de Calais. La fermeture des restaurants et cantines, avec la confiscation des stocks de nourriture, est-elle faite pour inciter à des départs « volontaires » qui soulageraient le travail des forces de police qui vont tout de même éprouver quelques difficultés à évacuer tant de gens ?
Ou bien y aurait-il une inquiétude devant les prévisions ? Les associations, compte tenu de la situation autour de la Méditerranée et du rythme des arrivées à Calais, estiment que les réfugiés seront dix mille en septembre.
C’est une « opération d’intimidation » pour les associations. Pour la préfecture il s’agit bien sûr d’une opération de communication pour « rassurer » les habitants et les commerçants de Calais. Tu ne le crois pas ? Eh bien, mardi, l’opération policière s’est terminée par… une conférence de presse ! À 17 heures. Assez tôt pour permettre aux quotidiens régionaux et à France 3 de propager la bonne parole officielle en temps voulu.
Confisquer les stocks de nourriture et fermer la cantine des enfants ! L’accumulation des mauvais traitements à l’encontre des réfugiés ne fait que nourrir rancœur, exaspération et colère. Faudra pas s’étonner si la colère s’exprime dans la violence.
« Je voudrais voir la fraternité / La fraternité racontée / Sur le linteau de cette église / Fraternel dans les mœurs / Mais en tenant compte de la couleur » Maxime Le Forestier chante « J’ m’en fous d’ la France ».