Radio de l’été : La Rue Kétanou chante « Le capitaine de la barrique »

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Radio Partageux #15. Où l’on fréquente les marins-pêcheurs d’Oléron et du Cotentin. Chaque lundi, pour bien commencer la semaine, on s’en remet une de derrière les fagots tout droit dans les oreilles. C’est la chanson du lundi.

Elle est originaire de l’île d’Oléron. Elle me montre des traces d’un monde disparu. Le port de La Cotinière. La cabane de pêche de son grand oncle et les poteaux vestiges de l’ancienne installation pour faire sécher ses filets. Les pots de terre cuite qui servaient à recueillir la résine de pin. Les pommes de pin qu’on ramassait pour allumer le feu. Les marais salants à l’abandon. Les bosses des marais où l’on cultivait les fèves qui nourrissaient ânes et mulets. Les photos de son père jouant de la mandoline et de son grand-père marin disparu en mer. Les photos des enfants portant des vêtements rapiécés cent fois par les mères. 

Les écluses. Des murets de grandes pierres plates construits pour la pêche à pied. Un système ingénieux qui utilise les marées. La mer recouvre l’estran à marée haute puis se retire. Les écluses retiennent prisonniers poissons et crustacés qui nagent dans une profondeur d’eau où tu as pied. Tu mets des cuissardes et tu ramasses à l’épuisette. Faut juste espérer que la mer emprisonne une bonne pêche. Depuis qu’elles ne sont plus entretenues on réalise que les écluses protégeaient le littoral de l’érosion. C’était de la construction bien adaptée au milieu marin : il y a plus de cinquante ou soixante ans qu’on n’y a pas touché et elles ne sont toujours pas détruites !

Une aiglade. Tu prends un bout de planche de pin sur laquelle tu ranges les moules le dos vers le haut. Tu recouvres d’aiguilles de pin bien sèches et faut du doigté ou de l’expérience pour y mettre la bonne quantité. Puis tu fais brûler les aiguilles dans le sens du vent, un coup d’éventail pour aviver le feu, un coup d’éventail pour chasser les cendres, tu mets la planche de moules sur la table et bon appétit ! Trop d’aiguilles et les moules sont calcinées, trop peu et elles ne sont pas cuites mais ouvertes et tu peux les jeter. Et tu as intérêt à savoir ce qu’est le dos d’une moule. On a dit : le dos vers le haut. En cuisant la moule s’ouvre sous la chaleur et la coquille doit protéger la chair si tu ne veux pas la manger pleine de cendres. La longueur de la planche dépend du nombre d’invités…

« Le capitaine de la barrique ». Vas-tu prendre une bonne muflée à boire les paroles de cette chanson ? Mais non ! Un bateau à stabilité aléatoire roule sur les vagues. Il roule comme une barrique. La Rue Kétanou n’a pas fait des séjours dans l’île d’Oléron mais chez les marins-pêcheurs du Cotentin. La vie de Gaston dépeinte par La Rue Kétanou mêle la réalité et les blagues des copains sur le marin-pêcheur célibataire au bateau instable. L’amie me montrait la vie ordinaire de gens ordinaires. La Rue Kétanou fait de même. Seule change la musique. À retrouver aussi sur la radio de l’été des blogueurs.

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