Radio Yéti #02. Quand je suis venu m’installer en Bretagne, je n’avais finalement qu’une notion assez vague de ce que représentait la musique bretonne aux yeux des Bretons. Et puis je me suis retrouvé un soir à la fête des Voiles rouges de Port Anna à Séné, Morbihan. Sur scène, Plantec…
Bien sûr, je me rappelais du Bagad de Lann-Bihoué cher à mon enfance et aux vacances que je passais chaque année à Lorient. J’avais eu mon heure de révolte rocailleuse avec le barde Glenmor, ma période baba avec Alan Stivell. J’avais vibré aux sonorités électriques de Dan Ar Braz.
Mais Plantec, jamais entendu parlé.
Et surtout, je ne m’étais jamais vraiment retrouvé du côté du public breton en train d’écouter, que dis-je, de vivre SA musique.
Vague humaine
Les groupes s’étaient succédé en fin d’après-midi sur le podium, mais je n’étais arrivé au fest-noz qu’en début de soirée. Les gens finissaient leur repas sur de grandes tables installées en plein air. Moules, saucisses, frites, bière, cidre et muscadet… Il y avait foule sur la petite place. Des vieux, des très jeunes, des gens d’ici mélangés à d’autres, beaucoup d’autres, venus d’ailleurs. Tout était plutôt calme et bon enfant.
Puis le concert du groupe Plantec a commencé et ils sont tous devenus fous. Une foule entière s’est mise à osciller de droite à gauche, d’avant en arrière, à une vitesse de plus en plus vertigineuse, en se tenant par le petit doigt. Les jeunes, les vieux, les femmes, les hommes…
Une invraisemblable vague humaine à vous donner le mal de mer… jusqu’à ce que vous soyez vous-même emporté dans cette déferlante déchaînée, avec le secret désir de ne plus jamais en être débarqué.