Qui aura le courage d’annoncer la faillite de l’option nucléaire ?

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En plus des risques d’accident type Fukushima, en plus d’une pollution éternelle, nos enfants hériteront de dettes éternelles nous rappelle l’Observatoire du nucléaire. << Les caisses sont vides ! >> Mais non, cet éternel refrain est faux, elles sont vidées par des gorets. Une gabegie qui atteint de tels sommets que le directeur financier d’EDF démissionne !


En démissionnant de son poste du fait de son désaccord avec le projet de construction de réacteurs EPR en Grande-Bretagne, le Directeur financier d’EDF a mis en lumière devant le grand public une situation que nous dénonçons de longue date : ce n’est pas seulement le programme EPR mais l’option nucléaire dans son ensemble, imposée depuis cinquante ans, qui a mis la France dans une situation insoluble. Après avoir encensé aveuglément Areva et Madame Lauvergeon, les « élites » de l’industrie, de la politique et des médias (éditocratie) ont célébré depuis plusieurs années le projet d’EDF de construire des réacteurs EPR en Grande-Bretagne, présenté comme « un immense succès de la filière nucléaire française ». Pourtant, dès 2012, l’Observatoire du nucléaire affirmait que ce projet n’avait en réalité aucune chance d’aboutir.

Il est avéré que le programme EPR dans son ensemble, et pas seulement en Grande-Bretagne, est un échec total. L’abandon du projet de construction de quatre EPR en Inde n’a pas été annoncé publiquement mais est consommé.

Par ailleurs, il est de plus en plus probable que les quatre chantiers en cours n’aboutissent pas : les deux EPR chinois et celui de Flamanville (Manche), qui connaissent de graves retards, sont définitivement plombés par le fait qu’Areva a raté la fabrication des cuves.

Quant à l’EPR finlandais, sa cuve est correcte car usinée par le japonais Mitsubishi et non par Areva (!), mais les errements insensés de ce chantier (qui devait être fini en 2009 !), et la baisse importante de la consommation d’électricité, font que les Finlandais ne sont plus intéressés par la mise en service de ce dinosaure et préfèrent se faire rembourser en attaquant Areva en justice internationale.

Après la faillite d’Areva, c’est EDF qui est au bord du gouffre, sabordée par son parc nucléaire. Ce dernier est bien heureusement impossible à renouveler : incapable de construire UN réacteur, EDF ne peut évidemment pas en construire vingt-cinq ou trente, sans parler du coût incommensurable d’une telle aventure.

Par ailleurs, EDF n’a même plus les moyens de financer le rafistolage des réacteurs actuels : le programme pompeusement dit « grand carénage », annoncé au départ à un coût de cinquante-cinq milliards, est désormais évalué à cent milliards et assurément à bien plus (comme toujours dans le nucléaire).

Il est donc probable que EDF va concentrer ses dernières ressources sur quelques centrales et, dans les dix-quinze ans qui viennent, fermer les réacteurs nucléaires par dizaines. Comme aucune alternative n’a été prévue, la France va se retrouver dans une impasse et sera obligée de lancer en catastrophe des programmes de réduction de la consommation (ce qui sera une bonne chose) et d’importer massivement de l’électricité de chez nos voisins… à supposer qu’ils aient des surplus à vendre (au prix fort) aux moments de forte consommation.

Bien entendu, les centaines de milliards d’euros nécessaires pour démanteler les réacteurs nucléaires et s’occuper des déchets radioactifs vont manquer à l’appel et ces graves problèmes seront légués à nos enfants.

Présentée pendant des décennies comme un « prodigieux exploit industriel », la construction en quelques années de cinquante-huit réacteurs nucléaires revenait en réalité à programmer pour trente à quarante ans plus tard, c’est-à-dire à partir de maintenant, une situation catastrophique et inextricable sur le plan économique, en espérant qu’elle ne se double pas d’un Fukushima français, de plus en plus probable avec le vieillissement des réacteurs.

La faillite de l’option nucléaire est désormais avérée et incontestable, le seul problème est de trouver enfin un « responsable » assez courageux pour l’avouer publiquement. Ce ne sera probablement pas le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, ni les ministres Royal (Environnement) et Macron (Économie), pas plus que M.M. Valls et Hollande.

Peut-être faut-il demander à M.M. Giscard d’Estaing et Boiteux, respectivement Président de la République et PDG d’EDF lors du lancement du parc nucléaire français, de se charger de ce terrible mais nécessaire aveu ?

=> Source : Observatoire du nucléaire.

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