Amsterdam. J’attends au vélo rouge. Ben oui, au volant, tu attends au feu rouge. Eh bien en vélo, aux Pays-Bas, tu attends au vélo rouge.
Si tu n’arrêtes pas de m’interrompre, je ne vais jamais finir ma petite histoire.
Sur la piste cyclable j’attends au vélo rouge et passe devant moi un jeune gars.
Il transporte sur son vélo un matelas de taille néerlandaise.
Pour te donner une idée : il faut à peu près deux lits portugais mis bout à bout pour faire un lit néerlandais.
Derrière mon lascar double-métrique suivent quatre vélos plus chargés que des ânes grecs à la saison des foins.
C’est un déménagement et un étudiant semble avoir demandé un coup de main à ses petits camarades de fac.
J’admire au passage le poteau de basket qui transporte notamment un lave-linge et une bonnetière sur son porte-bagage avant.
Ce jour-là j’ai regretté de ne pas avoir d’appareil photo dans la poche.
Bon. J’étais fraîchement débarqué en Néderlande. Jeune et inexpérimenté.
Au fil des années je me suis consolé en assistant à bien d’autres transports cyclistes.
Spectacles qui provoqueraient des mammites chez nos trop sensibles keufs gaulois.
Le regret tout de même de n’avoir pu photographier la grosse douzaine de mioches vaillamment véhiculés par leurs deux institutrices.
Pas de souci de surveillance : tous les gosses étaient devant et les deux instits sur le tandem à l’arrière ne pouvaient les quitter des yeux.
Mes émois de cycliste amstellodamois sont remontés à la surface quand je suis tombé sur ces photos américaines.
« Je laisserai là mon amertume / Grâce à mon petit vélo dingo / Sous les regards étonnés / Des curieux et des badauds / Car moi je vais partir sur la lune / Avec mon petit vélo dingo / Laissant très loin derrière moi / Et en tournant le dos / Un peu de fascisme / Et de répression » Sur mon petit vélo dingo de Jeanne-Marie Sens.