10 livres de ma vie : 8. La Misère du monde, Pierre Bourdieu

À l’instar des Henri Miller/Anaïs Nin, Nicolas Bouvier ou Jim Harrison, on peut vivre une vie personnelle exaltante dans le cadre d’un monde médiocre – et encore heureux ! Mais on y parvient encore plus aisément en connaissant le cadre. Celui-ci est le propos du livre écrit sous la direction de Pierre Bourdieu, La Misère du monde, publié en 1993.

La Misère du monde dresse l’anatomie clinique du cadre sociologique enfermant dans laquelle nous autres humains étions contraints d’évoluer à la fin du 20ème siècle. Et les choses n’ont guère changé depuis… sinon en pire. Certains, très rares, parviennent à s’affranchir au cadre hiérarchique imposé par les dominants du moment. Beaucoup y demeurent englués. On ne peut lui échapper qu’en le connaissant et en le combattant.

À plusieurs reprises dans l’Histoire, ce cadre fut ébranlé. Lors de la Révolution française, lors du Front populaire de 1936, avec le Conseil national de la Résistance en 1944/45, lors des évènements de Mai 68 dont l’influence se fit sentir jusqu’à la fin des années 90. Mais toujours le cadre revient à l’assaut.

Lorsque je sentis que malgré une nouvelle montée en puissance au début de ce 21ème siècle, le cadre présentait des failles de plus en plus flagrantes qui menaçaient son existence, c’est fort des connaissances acquises grâce à Pierre Bourdieu que je lançais le yetiblog (novembre 2005). Mon but n’était pas seulement de décrire la chute inéluctable de ce cadre, mais de lui foutre sur la gueule, de participer au coup de grâce.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.