
Mon premier héros de lecture n’avait rien d’intellectuel (ni d’obéissant) : Blek le Roc, accompagné de son fidèle Roddy et du professeur Occultis. Une bande dessinée qui paraissait en fascicule périodique (bimensuel) et que me refilait le fils de la maison de presse d’à côté, au grand dam de ma mère qui ne jurait que par la comtesse de Ségur et les collections Verte ou Rose.
Il y avait d’autres héros de ce genre dans les rayons de la maison de presse : Buck John, Akim, Kit Carson, la ravageuse Tartine Mariol… Mais mon préféré, c’était le grand Blek. Mon premier héros de révolte, un trappeur américain… d’origine bretonne (!) qui passait son temps à flanquer des raclées aux “Tuniques rouges”, entendez les troupes anglaises d’occupation pendant la guerre d’indépendance américaine.
Non seulement j’adorais le grand Blek, mais J’ÉTAIS le grand Blek ! Pour échapper à l’oppression littéraire maternelle, je planquais mes fascicules dans une marche creuse d’escalier de la boulangerie familiale et je lisais les aventures de mon héros – MES aventures ! – en douce et en toute clandestinité le soir sous la couette.